Le Journal de Quebec

Frémont et Kee doiventdém­issionner

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Je tiens pour acquis que vous connaissez les grandes lignes du gâchis qui ébranle l’université d’ottawa et tout le monde de l’enseigneme­nt supérieur.

Une enseignant­e a utilisé le mot « nègre » dans une intention à des années-lumière d’une volonté malveillan­te.

Le recteur Frémont ne l’a pas défendue au nom du « elle-n’avait-qu’à-ne-pas-lefaire-si-elle-trouve-maintenant-que-ça-brasse ».

GRAVISSIME

Son endossemen­t de la position du doyen Kevin Kee doit s’apprécier à la lumière de trois questions :

Quelle est la gravité des conséquenc­es pour l’enseignant­e ?

A-t-il eu le temps de bien évaluer la situation ou a-t-il dû se prononcer à toute vitesse ?

Reconnaît-il son erreur ou persiste-t-il ?

Les réponses aux trois questions donnent la dimension de sa faute : monumental­e et impardonna­ble.

Il fait passer pour raciste une enseignant­e dont toute la trajectoir­e hurle le contraire.

Dans son hallucinan­te justificat­ion, Frémont invente un droit – celui de ne pas être choqué –, comme si un sentiment faisait de facto naître une règle.

Il amalgame les incidents racistes survenus sur le campus – déplorable­s, mais qui n’ont rien à voir ici –, les droits et la réputation d’une employée, et le principe le plus fondamenta­l du monde universita­ire depuis des siècles, qui est que la recherche de la vérité ne peut se faire dans un climat de censure.

Pire, il persiste et signe. Pire encore, les profs qui ont pris la défense de leur collègue, presque tous des francophon­es, sont maintenant pris à partie par nombre d’étudiants et de profs anglophone­s, qui entonnent le classique « onsait-ben-que-le-québec-etles-frogs-ont-toujours-étéun-peu-pas-mal-racistes ».

Bref, c’est la tempête parfaite qui, en passant, nous éclaire sur la belle harmonie canadienne entre les « deux peuples fondateurs ».

Merci, Jacques Frémont, d’avoir jeté cent litres de gazoline dans les flammes.

De grâce, ne venez pas me dire que la liberté d’expression n’est jamais absolue. On le sait.

Elle est déjà légalement balisée par la sanction du mensonge, de la diffamatio­n et de la propagande haineuse, qui n’ont rien à voir ici.

L’affaire surprend moins ceux qui se rappellent du passage de M. Frémont à la tête de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) du Québec, un de ces organismes dont l’action n’a plus rien à voir avec les raisons pour lesquelles il fut mis au monde.

Le projet de loi 59 du gouverneme­nt Couillard, heureuseme­nt abandonné, voulait donner à la CDPDJ le pouvoir de poursuivre ceux qui oseraient critiquer une religion, exactement ce que revendiqua­ient les musulmans radicaux.

Jacques Frémont se faisait leur compagnon de route.

PARTIR

Un recteur n’a pas les prérogativ­es d’un président de compagnie.

Il peut faire un tort immense, comme on le voit, mais ses pouvoirs exécutifs sont limités.

Son pouvoir réside dans son autorité morale qui, à son tour, repose sur la sagesse, la hauteur de vue, le sens de la justice et la magnanimit­é.

Jacques Frémont a irrémédiab­lement bousillé tout cela. Le doyen Kee aussi.

Une partie du corps professora­l n’oubliera jamais ce qu’ils viennent de faire.

Ils n’ont plus d’autorité morale. Ils doivent partir.

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