Frémont et Kee doiventdémissionner
Je tiens pour acquis que vous connaissez les grandes lignes du gâchis qui ébranle l’université d’ottawa et tout le monde de l’enseignement supérieur.
Une enseignante a utilisé le mot « nègre » dans une intention à des années-lumière d’une volonté malveillante.
Le recteur Frémont ne l’a pas défendue au nom du « elle-n’avait-qu’à-ne-pas-lefaire-si-elle-trouve-maintenant-que-ça-brasse ».
GRAVISSIME
Son endossement de la position du doyen Kevin Kee doit s’apprécier à la lumière de trois questions :
Quelle est la gravité des conséquences pour l’enseignante ?
A-t-il eu le temps de bien évaluer la situation ou a-t-il dû se prononcer à toute vitesse ?
Reconnaît-il son erreur ou persiste-t-il ?
Les réponses aux trois questions donnent la dimension de sa faute : monumentale et impardonnable.
Il fait passer pour raciste une enseignante dont toute la trajectoire hurle le contraire.
Dans son hallucinante justification, Frémont invente un droit – celui de ne pas être choqué –, comme si un sentiment faisait de facto naître une règle.
Il amalgame les incidents racistes survenus sur le campus – déplorables, mais qui n’ont rien à voir ici –, les droits et la réputation d’une employée, et le principe le plus fondamental du monde universitaire depuis des siècles, qui est que la recherche de la vérité ne peut se faire dans un climat de censure.
Pire, il persiste et signe. Pire encore, les profs qui ont pris la défense de leur collègue, presque tous des francophones, sont maintenant pris à partie par nombre d’étudiants et de profs anglophones, qui entonnent le classique « onsait-ben-que-le-québec-etles-frogs-ont-toujours-étéun-peu-pas-mal-racistes ».
Bref, c’est la tempête parfaite qui, en passant, nous éclaire sur la belle harmonie canadienne entre les « deux peuples fondateurs ».
Merci, Jacques Frémont, d’avoir jeté cent litres de gazoline dans les flammes.
De grâce, ne venez pas me dire que la liberté d’expression n’est jamais absolue. On le sait.
Elle est déjà légalement balisée par la sanction du mensonge, de la diffamation et de la propagande haineuse, qui n’ont rien à voir ici.
L’affaire surprend moins ceux qui se rappellent du passage de M. Frémont à la tête de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) du Québec, un de ces organismes dont l’action n’a plus rien à voir avec les raisons pour lesquelles il fut mis au monde.
Le projet de loi 59 du gouvernement Couillard, heureusement abandonné, voulait donner à la CDPDJ le pouvoir de poursuivre ceux qui oseraient critiquer une religion, exactement ce que revendiquaient les musulmans radicaux.
Jacques Frémont se faisait leur compagnon de route.
PARTIR
Un recteur n’a pas les prérogatives d’un président de compagnie.
Il peut faire un tort immense, comme on le voit, mais ses pouvoirs exécutifs sont limités.
Son pouvoir réside dans son autorité morale qui, à son tour, repose sur la sagesse, la hauteur de vue, le sens de la justice et la magnanimité.
Jacques Frémont a irrémédiablement bousillé tout cela. Le doyen Kee aussi.
Une partie du corps professoral n’oubliera jamais ce qu’ils viennent de faire.
Ils n’ont plus d’autorité morale. Ils doivent partir.