Décédée d’une intoxication médicamenteuse
Des poursuites pour négligences et erreurs médicales seront entreprises par la famille
La famille d’une septuagénaire décédée dans le stationnement de l’hôpital Chauveau, en décembre 2018, d’une intoxication médicamenteuse veut poursuivre les autorités pour négligences et pour une succession d’erreurs médicales.
Lisette Deslauriers est décédée le 20 décembre 2018 des suites d’une arythmie cardiaque consécutive à une intoxication médicamenteuse, conclut la coroner, Me Josée Bédard, dans son rapport dévoilé hier.
Au moment du décès, la famille de la victime avait pointé du doigt le long délai pour l’arrivée d’une ambulance, le répartiteur ayant fait état d’une attente d’une durée entre 60 minutes et 2 heures.
Bien que Me Bédard ne puisse pas faire de lien direct entre le décès et la couverture ambulancière, elle estime toutefois que l’affectation plus rapide d’une ambulance aurait certainement amélioré ses chances de survie.
Dans son rapport, la coroner insiste plutôt sur l’historique médical de Mme Deslauriers, qui souffrait d’insuffisance rénale.
Peu de temps avant son décès, un médecin de l’institut universitaire de cardiologie et pneumologie de Québec (IUCPQ) lui a prescrit de la flécaïnide, un médicament pour traiter les anomalies du rythme cardiaque.
« La flécaïnide est éliminée par voie rénale, une insuffisance rénale peut diminuer la clairance du médicament et augmenter les concentrations sanguines de façon significative », indique la coroner dans son rapport.
Me Bédard précise que, selon le toxicologue qu’elle a consulté, la concentration du médicament détectée chez la défunte est compatible avec un décès par intoxication.
La coroner recommande à L’IUCPQ, au Collège des médecins et à l’ordre des pharmaciens du Québec d’examiner la qualité de l’acte professionnel et des soins récents prodigués à Mme Deslauriers, particulièrement sur la prescription de flécaïnide.
LA FAMILLE ÉBRANLÉE
Annie Gignac, la fille de la défunte, est choquée par le rapport de la coroner qui démontre, selon elle, que sa mère a été victime d’une succession d’erreurs médicales et de négligences.
« Ils l’ont échappée à plusieurs niveaux », se désole-t-elle.
Selon Mme Gignac, le résultat d’une prise de sang effectuée à L’IUCPQ neuf jours avant le décès de sa mère révélait une anomalie évidente en lien avec le médicament.
« Les résultats montraient clairement qu’elle se dirigeait rapidement vers la mort, et le médecin n’a rien fait », déplore-t-elle.
Elle dénonce également que le pharmacien n’ait pas posé de question sur l’état de santé de la dame lorsqu’il a remis le médicament que Mme Gignac est allée chercher pour sa mère. Elle compte prendre des recours pour négligences et erreurs médicales.
« On lui a littéralement prescrit la mort, deux jours avant ses 70 ans », termine Mme Gignac.