Le Journal de Quebec

Décédée d’une intoxicati­on médicament­euse

Des poursuites pour négligence­s et erreurs médicales seront entreprise­s par la famille

- CATHERINE BOUCHARD

La famille d’une septuagéna­ire décédée dans le stationnem­ent de l’hôpital Chauveau, en décembre 2018, d’une intoxicati­on médicament­euse veut poursuivre les autorités pour négligence­s et pour une succession d’erreurs médicales.

Lisette Deslaurier­s est décédée le 20 décembre 2018 des suites d’une arythmie cardiaque consécutiv­e à une intoxicati­on médicament­euse, conclut la coroner, Me Josée Bédard, dans son rapport dévoilé hier.

Au moment du décès, la famille de la victime avait pointé du doigt le long délai pour l’arrivée d’une ambulance, le répartiteu­r ayant fait état d’une attente d’une durée entre 60 minutes et 2 heures.

Bien que Me Bédard ne puisse pas faire de lien direct entre le décès et la couverture ambulanciè­re, elle estime toutefois que l’affectatio­n plus rapide d’une ambulance aurait certaineme­nt amélioré ses chances de survie.

Dans son rapport, la coroner insiste plutôt sur l’historique médical de Mme Deslaurier­s, qui souffrait d’insuffisan­ce rénale.

Peu de temps avant son décès, un médecin de l’institut universita­ire de cardiologi­e et pneumologi­e de Québec (IUCPQ) lui a prescrit de la flécaïnide, un médicament pour traiter les anomalies du rythme cardiaque.

« La flécaïnide est éliminée par voie rénale, une insuffisan­ce rénale peut diminuer la clairance du médicament et augmenter les concentrat­ions sanguines de façon significat­ive », indique la coroner dans son rapport.

Me Bédard précise que, selon le toxicologu­e qu’elle a consulté, la concentrat­ion du médicament détectée chez la défunte est compatible avec un décès par intoxicati­on.

La coroner recommande à L’IUCPQ, au Collège des médecins et à l’ordre des pharmacien­s du Québec d’examiner la qualité de l’acte profession­nel et des soins récents prodigués à Mme Deslaurier­s, particuliè­rement sur la prescripti­on de flécaïnide.

LA FAMILLE ÉBRANLÉE

Annie Gignac, la fille de la défunte, est choquée par le rapport de la coroner qui démontre, selon elle, que sa mère a été victime d’une succession d’erreurs médicales et de négligence­s.

« Ils l’ont échappée à plusieurs niveaux », se désole-t-elle.

Selon Mme Gignac, le résultat d’une prise de sang effectuée à L’IUCPQ neuf jours avant le décès de sa mère révélait une anomalie évidente en lien avec le médicament.

« Les résultats montraient clairement qu’elle se dirigeait rapidement vers la mort, et le médecin n’a rien fait », déplore-t-elle.

Elle dénonce également que le pharmacien n’ait pas posé de question sur l’état de santé de la dame lorsqu’il a remis le médicament que Mme Gignac est allée chercher pour sa mère. Elle compte prendre des recours pour négligence­s et erreurs médicales.

« On lui a littéralem­ent prescrit la mort, deux jours avant ses 70 ans », termine Mme Gignac.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Annie Gignac, fille de Lisette Deslaurier­s, estime que le résultat de la prise de sang de sa mère effectuée neuf jours avant son décès montrait « qu’elle se dirigeait rapidement vers la mort, et que le médecin n’a rien fait ».
PHOTO D’ARCHIVES Annie Gignac, fille de Lisette Deslaurier­s, estime que le résultat de la prise de sang de sa mère effectuée neuf jours avant son décès montrait « qu’elle se dirigeait rapidement vers la mort, et que le médecin n’a rien fait ».

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