Le Journal de Quebec

Le nouveau centre de tri produit du papier contaminé

Un an après l’ouverture, le site peine à obtenir un produit de qualité

- DOMINIQUE CAMBRON-GOULET

Le centre de tri de Lachine, payé à fort prix par la Ville de Montréal pour être à la fine pointe de la technologi­e, produit des ballots de papier très contaminés, a appris notre Bureau d’enquête.

Lors de l’inaugurati­on, en novembre 2019, la mairesse Valérie Plante avait annoncé qu’il s’agissait du centre « le plus moderne et le plus avancé d’un point de vue technologi­que au Québec ».

Mais près d’un an plus tard, la qualité n’est pas encore au rendez-vous.

Le papier mixte qui sort du centre de tri contient 20 % de contaminan­ts, tandis que le papier journal en contient 10 %, selon des chiffres fournis par la Ville de Montréal.

Ces taux sont bien supérieurs aux standards sur la contaminat­ion nord-américains (3 %) et chinois (1 %). La Ville assure toutefois que l’opérateur Ricova trouve preneur à l’internatio­nal pour son papier.

ÉQUIPEMENT NON INSTALLÉ

Un système de nettoyage du verre devait être installé pour réduire la contaminat­ion, mais celui-ci n’est toujours pas en fonction.

Montréal soutient que l’insolvabil­ité de l’ancien opérateur, Rebuts Solides Canadiens, et le transfert de la gestion à l’entreprise Ricova ont causé « des délais dans les travaux ».

L’installati­on du système de nettoyage est prévue « d’ici la fin de 2020 », indique la Ville.

Selon nos sources, un autre problème est que les équipement­s optiques permettant de séparer les différents types de fibres sont peu performant­s, bien qu’ils soient neufs.

La Ville affirme que le centre est en « rodage » et qu’« il est trop tôt pour statuer sur la performanc­e d’équipement­s singuliers ».

PLUS RAPIDE À SHERBROOKE

À Sherbrooke, l’améliorati­on de la qualité du papier produit ne s’est pas autant fait attendre. Le taux de contaminat­ion du papier est passé de 40 % à 2 % cet été.

« Avant, on vendait le papier à -96 $ la tonne, et quelques semaines après l’installati­on des trieurs optiques, on le vendait à 50 $ la tonne », rapporte le président de Récup Estrie, Pierre Avard. À Montréal, la vente du papier de mauvaise qualité coûte cher aux contribuab­les, puisque la Ville partage les pertes avec la compagnie de tri si le prix obtenu est négatif. Pendant les mois d’avril et mai seulement, la Ville a payé 650 000 $ pour compenser les pertes de ses deux centres de tri. L’élu responsabl­e du dossier dans l’administra­tion montréalai­se, Jean-françois Parenteau, est persuadé que la contaminat­ion « va baisser » à Lachine.

« Si l’opérateur [Ricova] n’est pas capable de faire de la qualité dans un centre à la fine pointe, ils ne seront pas capables de le faire ailleurs », a-t-il illustré.

INFRACTION­S

Dans les derniers jours, notre Bureau d’enquête a révélé que cette entreprise cumule les infraction­s pour du travail insatisfai­sant et qu’elle fait des affaires au Panama, un paradis fiscal.

Hier, la mairesse Valérie Plante s’est dite « troublée » par ces révélation­s.

« On veut s’assurer que les services continuent, mais aussi qu’ils soient faits par une entreprise qui correspond aux critères d’éthique de la Ville », a-t-elle affirmé.

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PHOTO D’ARCHIVES Le nouveau centre de tri de matières recyclable­s a été inauguré en novembre dernier sur la rue François-lenoir, à Lachine.
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VALÉRIE PLANTE Mairesse de Montréal

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