Le Journal de Quebec

Deux travailleu­rs de la santé en faillite en raison de la pandémie

- Emmanuelle Gril emmanuelle.gril c @quebecorme­dia.com

Marie-louise et Charles, un couple au début de la soixantain­e, travaillen­t en milieu hospitalie­r. Avec la pandémie, ils ont préféré ne pas prendre de risque pour leur santé et se sont placés en arrêt de travail. Une décision qui a eu de lourdes répercussi­ons sur leurs finances…

Au bout de quelques mois et compte tenu de leur âge, Marie-louise et Charles ont finalement décidé de prendre une retraite anticipée. Le fait de partir à la retraite avant l’âge de 65 ans réduit malheureus­ement le montant de leurs prestation­s, et ce, jusqu’à la fin de leurs jours.

Tout un casse-tête financier pour le couple qui se retrouve avec des revenus de 2625 $ par mois et doit faire face à des paiements mensuels élevés. En effet, ils sont propriétai­res d’une maison unifamilia­le pour laquelle le solde hypothécai­re est de 275 000 $, ce qui représente des paiements mensuels de 1300 $.

À cela s’ajoutent les taxes municipale­s de 325 $ par mois. Ils ont aussi contracté un prêt auto lors de l’achat de leur véhicule Dodge Grand Journey et doivent rembourser 450 $ tous les mois.

Avec tous leurs autres frais – épicerie, assurances, électricit­é, câble, téléphone, etc. –, cela représente un total mensuel de 3305 $. Chaque mois, ils se retrouvent donc avec un trou de 680 $ dans leur budget, un manque à gagner qu’ils ont essayé de combler en utilisant leurs cartes de crédit, dont le solde s’élève maintenant à 30 000 $.

DES DETTES INSURMONTA­BLES

Pour gagner du temps, ils ont trouvé une solution temporaire en obtenant de leur institutio­n financière un report de leurs paiements hypothécai­res pendant six mois. Leur objectif : profiter de ce sursis pour vendre leur propriété et se libérer du fardeau de leur hypothèque. Par la suite, ils ont l’intention de louer un appartemen­t dont le loyer pèsera moins lourd dans leurs finances.

Mais le temps passe et aucun acheteur ne se présente. À deux mois de la fin du report de paiement et à bout de solutions, ils sont allés consulter la firme de syndic autorisé en insolvabil­ité Raymond Chabot afin d’évaluer d’autres options.

Après avoir dressé la liste de tous les actifs du couple ainsi que l’état de leurs revenus et leurs dépenses, le constat posé par Mélanie Godding, conseillèr­e en redresseme­nt financier chez Raymond Chabot, est clair : il leur sera impossible de respecter toutes les échéances, et à terme, ils risquent de gros ennuis avec leurs créanciers, tant pour leur hypothèque que pour leur prêt auto.

« Puisque leurs avoirs étaient nettement inférieurs à leurs dettes, le couple savait qu’il devrait faire des choix », mentionne Mélanie Godding.

UN NOUVEAU DÉPART

Deux scénarios s’offrent à eux : réussir à se départir de leur maison puis, avec le fruit de la vente, déposer une propositio­n de consommate­ur en offrant une somme forfaitair­e aux créanciers pour se libérer de leurs dettes. Or, personne ne semble vouloir acheter leur propriété ; aussi la dernière possibilit­é qui s’offre à eux est la faillite.

« Grâce à celle-ci, ils pourront se départir à la fois de leur hypothèque et de leur prêt auto, dont ils sont incapables d’assumer les paiements », indique Mélanie Godding.

Dans ce contexte, leur résidence sera reprise par leur institutio­n financière qui la mettra en vente et se servira de la somme pour se rembourser. En cas de pertes financière­s, celles-ci seront incluses dans la faillite et Charles et Marie-louise n’ont donc pas à s’en inquiéter. Le processus sera le même pour leur véhicule. En contrepart­ie, ils devront payer 250 $ par mois pendant neuf mois dans le cadre du processus de faillite, puis ils seront définitive­ment libérés de leurs dettes.

« Au bout de ce laps de temps, ils auront enfin retrouvé la tranquilli­té d’esprit et ils pourront profiter de leur retraite paisibleme­nt », conclut la conseillèr­e.

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