Fitzgibbon reconnaît la problématique des poteaux
Le conflit entre les géants des télécoms et les plus petits joueurs prive 340 000 ménages de la haute vitesse
Le ministre de l’économie et de l’innovation, Pierre Fitzgibbon, a dit comprendre hier les revendications des sociétés de télécommunications, comme Vidéotron, qui se plaignent de difficultés d’accès aux poteaux de sociétés tierces, nécessaire au déploiement de l’internet haute vitesse dans plusieurs régions.
« C’est une demande qui est légitime, parce qu’effectivement, si on recule de plusieurs années, toute la question des permis, la question des devis d’ingénierie, pour prendre les poteaux [...] c’est un problème réel », a déclaré le ministre hier à l’assemblée nationale.
Lundi, Pierre Fitzgibbon a participé à une rencontre entre le premier ministre François Legault et le président et chef de la direction de BCE, Mirko Bibic. Au terme d’échanges privés d’une cinquantaine de minutes, ce dernier est ressorti sans s’adresser à la presse.
LA PRESSION SUR BELL
Ce tête-à-tête visait principalement à dénouer le litige entourant le déploiement de l’internet haute vitesse dans la province. Il y a deux semaines, François Legault s’était défendu des retards observés en la matière, suggérant que Bell Canada tardait à permettre l’utilisation de ses poteaux à des entreprises concurrentes.
Hier matin, le ministre de l’économie a tenté de réduire la pression sur Bell, en soutenant que Telus et Hydro-québec étaient aussi propriétaires de poteaux. Le quart des poteaux de la province seraient la propriété de BCE, une rivale de Vidéotron appartenant à Québecor. Cette dernière est aussi éditrice du Journal.
« Je pense qu’il faut le mettre de façon holistique. Je n’ai pas le nombre de poteaux [...]. Alors, je dirais que c’est un problème très général. Le problème était réel et honnêtement je pense que l’effort a été fait pour le régler. »
UNE TABLE DE COORDINATION
Le ministre a expliqué hier que le ministère de l’économie et de l’innovation avait créé une « table de coordination » réunissant les trois propriétaires de poteaux. Les fournisseurs d’accès internet pourront s’y adresser pour accélérer l’octroi des permis.
« On commence, ça fait un mois que c’est en place. Ce que j’entends, de Derytelecom, de Cogeco, de Bell, [c’est que] c’est sûr qu’ils vont dire oui. Je pense qu’on va pouvoir régler le problème, sûrement sur une base prospective. »
Environ 340 000 ménages n’ont toujours pas accès à l’internet haute vitesse. Une situation qui nuit au développement de régions et provoquerait des inégalités, surtout en période de pandémie où le télétravail est encouragé.
En campagne électorale, la Coalition avenir Québec s’était engagée à ce que tous les Québécois aient accès à la haute vitesse avant la fin de son mandat, en 2022. Une promesse aujourd’hui de plus en plus mise en doute par les partis d’opposition.
« TOUTE LA QUESTION DES PERMIS [...] POUR PRENDRE DES POTEAUX [...], C’EST UN PROBLÈME RÉEL »
–Pierre Fitzgibbon