Le Journal de Quebec

Il y a 30 ans, Céline refusait son Félix

Elle semait l’émoi au gala de L’ADISQ en refusant le prix de l’artiste anglophone de l’année

- MARC-ANDRÉ LEMIEUX L’ADISQ remettra ses prix lors de son gala le 1er novembre.

En 1990, Céline Dion changeait le visage du gala de L’ADISQ en refusant le trophée de l’artiste anglophone de l’année. Trente ans plus tard, cette sortie demeure un classique. Ce qu’on a toutefois oublié, c’est la polémique qu’elle a déclenchée au Canada anglais.

Survenu le 21 octobre 1990 à Montréal, cet événement a marqué les esprits, et pas seulement à cause du pétaradant « C’est Céliiiiiin­e ! » lancé par Claudette Dion en ouvrant l’enveloppe.

Tout le monde se souvient du fameux « Je peux pas accepter ce trophée-là » de Céline Dion, qui venait d’amorcer sa carrière en anglais en lançant l’album Unison.

Le lendemain, la star, alors âgée de 22 ans, faisait la manchette. Et l’année suivante, L’ADISQ modifiait le nom du trophée: « Artiste québécois s’étant le plus illustré dans une autre langue qu’en français ».

Sur scène au moment des événements, puisqu’il présentait le prix avec Claudette

Dion, le rockeur Rick Hughes se souvient du choc qui a suivi ce coup d’éclat, mais surtout, du comporteme­nt élégant de Céline Dion en coulisses immédiatem­ent après.

« Tout le monde s’est garroché sur elle. Mais quand elle m’a vu du coin de l’oeil, elle est venue me voir et m’a dit : “Je m’excuse sincèremen­t de t’avoir mis dans cette situation.” Je lui ai répondu que je l’appuyais à 100 %. »

Dans un message transmis au Journal, Claudette Dion rapporte qu’elle avait été invitée par L’ADISQ en guise de surprise pour Céline Dion et René Angélil. « J’ai trouvé Céline inébranlab­le et courageuse comme toujours », nous écrit-elle.

TENSIONS LINGUISTIQ­UES

L’incident a fait couler beaucoup d’encre au Québec francophon­e, mais jamais autant que dans le ROC ( Rest of Canada), comme l’explique un article du Canadian Journal of Communicat­ion paru en 1999. Selon l’auteur, le docteur en sociologie David Young, une portion du discours de Céline Dion a dérangé : quand elle a déclaré qu’elle était québécoise, après avoir souligné qu’elle n’était pas anglophone.

« Les anglophone­s d’ici l’ont mal pris, résume l’animateur Mike Gauthier. Ça a brassé. »

Du Globe and Mail au Toronto Star, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre au pays.

Journalist­e au Montreal Gazette, Brendan Kelly qualifie la réaction des médias anglophone­s de « féroce » et d’« énorme ». « À cette époque, les tensions linguistiq­ues entre francos et anglos étaient beaucoup plus fortes qu’aujourd’hui. Le discours de Céline faisait ressortir l’idée qu’être québécois, c’était être francophon­e. Les anglophone­s se sont sentis exclus. »

« C’est une erreur de phrasé, poursuit Brendan Kelly. Je suis sûr que Céline n’a jamais voulu être méprisante. »

Cette année, les finalistes au prix de l’artiste ayant le plus rayonné hors Québec sont Corridor, Elisapie, Hubert Lenoir, Loud, Alexandra Stréliski et Patrick Watson.

 ?? D’ARCHIVES / LE JOURNAL DE MONTRÉAL
PHOTOS ?? 1. Le 21 octobre 1990, Céline Dion refusait le Félix de l’artiste anglophone de l’année au gala de L’ADISQ. Derrière, Rick Hughes, qui avait présenté la catégorie avec Claudette Dion. 2. La une du Journal de Montréal du 22 octobre 1990.
D’ARCHIVES / LE JOURNAL DE MONTRÉAL PHOTOS 1. Le 21 octobre 1990, Céline Dion refusait le Félix de l’artiste anglophone de l’année au gala de L’ADISQ. Derrière, Rick Hughes, qui avait présenté la catégorie avec Claudette Dion. 2. La une du Journal de Montréal du 22 octobre 1990.

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