Le cul et la graine en vedette à la SRC
GRANDE MUSIQUE ET CITATIONS
Je viens de visionner en rafale sur ICI. tou.tv Extra les 10 épisodes de la nouvelle série de Radio-canada, Les mecs. Ouf !
Plus de trois heures à entendre parler de pénis, de queue, de graine, d’érections, de rasage intégral, de tétons, de fesses, de baises, de triolisme, de sperme, de « crossage », en fait, de toutes les choses que déclinerait un bon dictionnaire des idées suggérées par le mot sexe.
Avant la sortie de la série, alors qu’elle n’avait pas vu une seule image, l’autrice Martine Delvaux, qui venait de lancer son livre Le Boys Club, avait dénoncé Radio-canada pour consacrer encore une série aux hommes. Aux hommes ?
Ceux que nous présente l’auteur Jacques Davidts (Les Parent) sont de pauvres mecs de 50 ans, complètement paumés, obsédés par le sexe (et la grosseur du leur), qui traînent leur flemme dans les bars, les gymnases et les vestiaires, tenant où qu’ils soient, justement des propos de vestiaire. Des propos qui rappellent ceux de l’ineffable film Les Boys et de ses descendants, mais sur un petit ton « Plateau Mont-royal », noblesse oblige.
Est-ce pour faire oublier la désespérante vacuité des dialogues ou pour y faire antithèse que le réalisateur Ricardo Trogi fait appel à Tchaïkovski et à d’autres grands compositeurs de musique classique ? Est-ce dans l’espoir de rehausser la série qu’on insère ça et là quelques citations de haute voltige allant de Freud à Bouddha ?
L’auteur Jacques Davidts, qui nous avait habitués à beaucoup mieux, fait tout de même preuve d’une singulière créativité. Quel que soit l’argument de départ d’une scène, il trouve toujours le moyen de la ramener au cul. Même lorsqu’il s’agit de scènes amorcées par une femme.
Les quatre acteurs vedettes, Christian Bégin, Normand Daneau, Alexis Martin et Yanic Truesdale ne sauraient être plus à l’aise dans la peau de leurs personnages. Christian Bégin réussit même le tour de force de sacrer avec élégance. N’est-il pas l’intellectuel du groupe ? Il faut dire qu’il est dirigé par un réalisateur ayant l’habitude des personnages qui expriment leurs sentiments selon la modulation des jurons qu’ils débitent.
LES FEMMES SACRENT MOINS BIEN
N’en déplaise à mes lectrices, la série démontre bien qu’en matière de sacres et de jurons, les hommes mangent un pain sur la tête des filles. Les sacres des mecs sont plus expressifs, plus éloquents et beaucoup plus à propos que ceux que lançaient, par exemple, les deux soeurs Desbiens dans la série Trop. C’est tout à l’honneur du diffuseur public de laisser nos auteurs faire si souvent la démonstration que les hommes sacrent mieux que les femmes.
D’aucuns diront que Les mecs rappellent Les Simone. D’autres les compareront à une version « full mâle » de Sex and the City. Dans cette série, les quatre protagonistes, tiraillées entre l’amitié et leurs relations sentimentales, ont étalé leur vie sexuelle sur six saisons.
J’avoue que Les mecs m’ont plutôt rappelé La pomme, la queue et les pépins. Ce film de 1974 raconte la misère érectile de Martial Roy (Donald Lautrec). Lui, sa femme et tout son entourage prennent pour le guérir mille moyens aussi loufoques les uns que les autres. C’est plus pathétique que drôle. Comme Les mecs.
À ma connaissance, la SRC n’a jamais osé montrer ce film de mon frère jumeau. Elle pourrait le diffuser sans surprendre personne maintenant qu’elle diffuse Les mecs.
C’est plus pathétique que drôle