Le Journal de Quebec

Éditeurs irrités par les abus des géants du web

Les médias réclament une interventi­on rapide d’ottawa

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AGENCE QMI | Les principaux médias d’informatio­n au pays fustigent les « pratiques monopolist­iques de Google et de Facebook » et implorent Ottawa de s’y attaquer une fois pour toutes en lui suggérant d’adopter le modèle australien.

Dans une nouvelle sortie hier, le collectif qui représente plus de 90 % du lectorat des médias d’informatio­n au Canada ne s’explique pas que les gouverneme­nts ne puissent pas mieux réguler la domination des deux géants du web. Les éditeurs canadiens soutiennen­t que rien qu’au pays, Google et Facebook contrôlent 80 % de tous les revenus publicitai­res en ligne.

« Ils utilisent leur contrôle monopolist­ique non seulement pour détourner la publicité des éditeurs de médias d’informatio­n, mais aussi pour détourner les millions de revenus publicitai­res investis sur les sites de médias d’informatio­n », a fait savoir Médias d’info Canada, qui représente l’industrie des médias imprimés et numériques du Canada, comme Québecor, Postmedia, Globe and Mail ou La Presse.

FRONT COMMUN

« On se rallie ensemble en tant qu’industrie afin de négocier collective­ment pour demander de payer pour le contenu qu’on génère », a soutenu en entrevue Lyne Robitaille, vice-présidente principale des secteurs des journaux de Québecor. L’idée est aussi de pouvoir partager les revenus publicitai­res que les géants tirent des sites.

Les médias ont invité Ottawa à faire preuve de leadership. « Publier de vraies nouvelles coûte de l’argent, et Google et Facebook ne peuvent continuer à être autorisés à faire du resquillag­e sur le dos des éditeurs de médias canadiens qui produisent des contenus d’actualité, sans que ces derniers ne soient compensés de manière équitable », a expliqué Jamie Irving, qui préside le groupe de travail de Médias d’info Canada. « L’objectif est de parler d’une même voix afin d’interpelle­r le gouverneme­nt à adopter rapidement le modèle australien », a précisé Lyne Robitaille, soulignant l’importance « de niveler le terrain de jeu, de mettre fin aux abus de pouvoir ».

LE MODÈLE AUSTRALIEN

Invoquant l’« urgence d’agir », Lyne Robitaille et les autres éditeurs estiment que l’australie a déjà une « longueur d’avance » sur les autres pays.

Ce modèle oblige les deux géants à rémunérer les entreprise­s médiatique­s pour leurs contenus. En Australie, les éditeurs forment une unité de négociatio­n collective pour obtenir une compensati­on, le tout sous l’égide du gouverneme­nt. On oblige les monopoles du web à ne plus avoir recours à de nouveaux algorithme­s et artifices pour étendre leur domination du marché et « enraciner des pratiques de concurrenc­e déloyale », dit-on. Des amendes de plusieurs centaines de millions de dollars sont aussi prévues, et ce, pour une seule infraction. Dans un rapport préparé pour Médias d’info Canada, on indique que si un tel code était introduit ici, les éditeurs récupérera­ient 620 M$ de revenus annuels comme compensati­on.

RÉACTIONS DE GOOGLE ET FACEBOOK

Chez Google Canada, la vice-présidente et directrice nationale, Sabrina Geremia, a indiqué hier que « l’affirmatio­n selon laquelle Google doit des centaines de millions de dollars à l’industrie de l’informatio­n est décevante et sans fondement ». Chez Facebook Canada, un porte-parole soutient qu’il existe de nombreuses façons d’aborder ces questions complexes « et nous voulons travailler avec les organismes de presse et le gouverneme­nt pour trouver une solution ».

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PHOTO LE JOURNAL Les éditeurs des journaux montent aux barricades contre les géants du web.
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Présidente et éditrice Le Journal
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LYNE ROBITAILLE Présidente et éditrice Le Journal de Montréal

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