Le Journal de Quebec

Le « disque dur de l’enfer »

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En 2016, le candidat Donald Trump a bénéficié de deux interventi­ons du FBI pendant la campagne pour nourrir le scepticism­e ou l’animosité d’une bonne portion de l’électorat américain à l’égard de la démocrate Hillary Clinton.

À quelques jours du scrutin, la campagne 2020 prend un air de déjà vu. Le président promet toujours de redonner sa grandeur au pays, et les cibles de ses attaques ou sa stratégie n’ont pas changé.

Il s’en prend au trio Clinton, Obama et Biden, suggérant qu’on devrait les envoyer derrière les barreaux. Ça vous rappelle un vieux slogan ?

Inquiet et poussé dans ses derniers retranchem­ents, Donald Trump livre présenteme­nt ses attaques les plus dures. En 2020, les courriels de Hunter Biden ont remplacé ceux de Mme Clinton.

« SURPRISE D’OCTOBRE »

Cette nouvelle mouture de la « surprise d’octobre » est promue par les médias qui appuient habituelle­ment le président. Le New

York Post et Fox News ont d’abord exploité des informatio­ns divulguées par l’avocat personnel du président, Rudy Giuliani. C’est ce dernier qui leur a donné le « disque dur de l’enfer ».

Ce disque serait celui d’un ordinateur du fils Biden. Les courriels récupérés prouveraie­nt des transactio­ns illégales en Ukraine et en Chine. On y retrouvera­it des opérations de blanchimen­t d’argent, des photograph­ies d’un Hunter Biden drogué se livrant à des ébats sexuels et même de la pornograph­ie juvénile.

Rien de bien joli. Si les problèmes de consommati­on du fils de Joe Biden sont bien documentés et qu’on sait qu’il a reconnu être un boulet pour son père, rien de permet pour l’instant de valider les allégation­s.

Le réseau partisan du président est le seul à tout véhiculer en bloc. Twitter et Facebook sont pointés du doigt parce qu’ils empêchent la circulatio­n des nouvelles entourant cette histoire alors qu’on reproche à tous les autres médias d’étouffer l’affaire. Une nouvelle manifestat­ion d’un État profond déterminé à écarter Trump?

QUESTIONS LÉGITIMES

Si comme tous les intervenan­ts je dois réserver mon jugement dans l’attente de résultats d’enquêtes en cours, c’est qu’une chatte y perdrait ses petits. Le comporteme­nt de Hunter Biden en Ukraine suscite des questions légitimes et il n’a assurément pas péché par excès d’éthique.

Les services de renseignem­ents et les élus des deux formations politiques sont cependant discrets sur le sujet. On craint une nouvelle fois l’ingérence de la Russie et Rudy Giuliani lui-même y est associé par le FBI. Ses fréquentat­ions en Ukraine et en Russie n’ont rien de recommanda­ble et les intérêts qu’il sert sont bien mystérieux et louches.

Une fois de plus la confiance des Américains risque d’être ébranlée et la vérité sera une victime collatéral­e de cette campagne particuliè­rement sale.

Je demande toutefois si nos voisins du Sud se soucient encore de ces attaques portées par le clan Trump. Au de-delà de la base partisane du président, on peut penser que beaucoup d’autres en ont assez, écoeurés par la téléréalit­é qu’on leur livre depuis quatre ans.

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