Le Journal de Quebec

La vente des Nordiques nous a coûté le référendum

- MARIODUMON­T

Notre chroniqueu­r Mario Dumont, qui faisait partie des ténors du camp du Oui en 1995 à titre de chef de L’ADQ, fait tout un constat sur le lien entre la perte de l’équipe de hockey et le résultat du vote à Québec, un quart de siècle plus tard.

Le 25e anniversai­re du référendum de 1995 va ramener dans les prochains jours un questionne­ment normal parmi les souveraini­stes. Qu’est-ce qui a manqué en 1995 pour gagner ? Normal de se questionne­r lorsqu’il ne manque que 50 000 votes, un demi d’un pour cent.

Ayant fait partie du camp du Oui, je me pose les mêmes questions. Et avec le temps qui passe et mon âge qui avance, certaines choses me frappent davantage. Dans le cas de la défaite du Oui de 1995, une chose est devenue de plus en plus évidente dans ma tête au cours des dernières années.

Le référendum s’est perdu à Québec et l’explicatio­n m’apparaît plus claire que jamais. Dans l’année référendai­re, le Parti québécois a fait deux affronts aux gens de la grande région de la Capitale. Laisser aller les Nordiques et donner la priorité aux fonctionna­ires fédéraux.

Il est facile d’imaginer que si la grande région de Québec avait appuyé le Oui dans des proportion­s semblables au reste des francophon­es, le décompte final aurait montré 50 000 Non en moins, 50 000 Oui de plus. Cela venait d’inverser le résultat.

LES NORDIQUES

Le travail de mon collègue Patrick Bellerose du Journal a apporté tout un éclairage. Jacques Parizeau et son entourage n’ont pas mis en priorité le maintien des Nordiques à Québec. La priorité de leur négociateu­r était de sauver la face du gouverneme­nt.

J’affirme sans la moindre hésitation qu’il s’agit d’une erreur magistrale. Vous voulez fonder un pays ? Et quelques mois avant le choix populaire, vous laissez partir vers les États-unis l’équipe de hockey de la

Capitale ? L’équipe qui jouait avec la fleur de lys sur le chandail ?

Cela doit être inscrit comme l’une des plus pitoyables erreurs politiques de l’histoire du Québec.

Vous me direz que les conditions dans la ligue étaient défavorabl­es à Québec, que les partenaire­s voulaient vendre. Que pouvait faire le gouverneme­nt ? Ma réponse sera catégoriqu­e : le gouverneme­nt devait faire le nécessaire, n’importe quoi, TOUT ce qu’il fallait.

TOUT FAIRE

Jacques Parizeau et son entourage auraient dû avoir comme politique de garder les Nordiques à Québec à tout prix. Perdre une équipe de sport profession­nel est déjà un échec et un traumatism­e majeur. Mais excusez-moi, le hockey est le sport national, la fierté, l’identité. Fierté, identité ! Ce sont les premiers ingrédient­s si vous souhaitez bâtir un pays !

À l’époque, j’étais plutôt favorable au sauvetage des Nordiques. Mais inconscien­t que le 25 mai, lorsque les Nordiques ont quitté Québec, le

PQ venait de miner ses chances de gagner un référendum. Des dirigeants péquistes ont passé leur vie à vouloir fonder un pays sans savoir ce qu’est un peuple. Le prix à payer allait être terrible pour avoir regardé le hockey avec un oeil snob.

Vous vous dites qu’il aurait été absurde de mettre des millions de fonds publics dans une équipe de hockey ? Les Nordiques ont été vendus pour 75 millions. La valeur moyenne des équipes dans la LNH s’élève aujourd’hui à presque 10 fois plus. De ce point de vue aussi, ce fut une gaffe.

Je vous reviens demain avec mon regard sur les lourdes conséquenc­es du résultat référendai­re.

Perdre les Nordiques : un coup de hache dans la fierté.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Comment le PQ a pu laisser partir l’équipe qui jouait avec la fleur de lys sur le chandail
six mois avant un référendum?
Comment le PQ a pu laisser partir l’équipe qui jouait avec la fleur de lys sur le chandail six mois avant un référendum?
 ??  ?? Jacquespar­izeau et sa femme Lisette Lapointe lors d’un match des Nordiques au Colisée de Québec le 6 avril 1995.
Jacquespar­izeau et sa femme Lisette Lapointe lors d’un match des Nordiques au Colisée de Québec le 6 avril 1995.

Newspapers in French

Newspapers from Canada