Fin tragique pour deux travailleurs acharnés
Jean-philippe Larouche, de Québec, et Marco Boivin, de Blainville, ne se connaissaient pas, mais leurs destins se sont croisés dans une collision mortelle en Abitibi-témiscamingue.
Deux travailleurs acharnés qui ne se connaissaient pas, mais qui adoraient leurs métiers, ont connu une fin tragique dans une violente collision frontale sur la route 117, en AbitibiTémiscamingue, tôt samedi.
« C’est un chemin qu’il connaissait très bien. La chaussée lui a joué un tour… On n’est pas supposé voir nos enfants mourir », souffle Daniel Larouche, dont le fils de 31 ans, Jean-philippe, est décédé dans cet accident survenu à Val-d’or.
Au volant de sa camionnette vers 5 h samedi matin, le mécanicien se rendait à la mine Malartic où il travaillait depuis deux ans.
« Cet emploi, c’était un rêve pour lui », lance son père ému. Son camion était son outil de travail. Il faisait des chiffres de 12 heures par jour pendant deux semaines en Abitibi et revenait à Québec où il habitait pour deux autres semaines », poursuit M. Larouche.
UNE ROUTE DANGEREUSE
Sur le pont Thompson, Jean-philippe Larouche a dévié de sa voie pour une raison encore inconnue. M. Larouche soutient cependant que la présence de glace noire a été mentionnée par les policiers.
« Ça a l’air que le pont était complètement glacé, dit-il. La 117 a une mauvaise réputation. C’est une route ben traîtresse. »
C’est à ce moment que le véhicule du jeune trentenaire a frappé de plein fouet un poids lourd qui roulait en sens inverse. Un troisième véhicule a heurté l’arrière du camion. Le conducteur s’en est tiré sans blessure.
Sous la violence de l’impact, la camionnette a pris feu. Jean-philippe Larouche n’a pas réussi à sortir à temps.
« C’est encore plus affreux. Tout son corps a été brûlé, laisse tomber son père. Ils ne sont même pas capables de l’identifier. Mais on sait que c’est lui parce que c’est son camion. »
Le conducteur du poids lourd, Marco Boivin, 56 ans, a été transporté en centre hospitalier dans un état grave. Il est également décédé.
Le résident de Blainville était lui aussi un habitué de la route 117.
« Il allait en Abitibi chaque semaine. Il partait à 7 h tous les dimanches. Il connaissait vraiment bien la route », affirme son colocataire, ami et « frère » des Alcooliques anonymes, Éric Thiébaut.
Marco Boivin était camionneur depuis trois ou quatre ans. Il avait quitté une carrière en immobilier pour se rediriger vers cet emploi « qui le rendait fier », raconte son ami. Il travaillait pour C&C Transportation à Sainte-thérèse.
IL NE DEVAIT PAS TRAVAILLER
Vendredi, vers 16 h, le cinquantenaire a quitté Blainville pour faire un transport de biens essentiels vers le Sobeys de Rouyn-noranda.
« C’est frustrant, lâche M. Thiébault. Il n’était même pas supposé de travailler. Il devait prendre trois jours de congé. Mais à cause de la COVID et du confinement des régions, son patron lui a demandé de rentrer au travail. Il a accepté pour aider son employeur. Il était comme ça, Marco, il avait le coeur sur la main. »
« Il n’a pas arrêté pendant la pandémie, poursuit-il. Au volant de son camion, un de nos anges est décédé. »