Le Journal de Quebec

Le décès de sa mère va lui coûter 70 000 $

Sans assurance, elle a été happée pendant sa visite

- NORA T. LAMONTAGNE

Une mère monoparent­ale sans emploi a hérité d’une facture d’hospitalis­ation de 70 000 $ après que sa mère venue la visiter de la Chine à Montréal est morte frappée par une voiture sans être assurée.

« Je ne suis pas capable de payer ! Je suis toute seule, j’ai deux enfants, j’ai perdu mon travail en février, je n’ai pas de maison… », fait valoir Yva Tong, ébranlée.

La Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) a déterminé que sa mère, Wenhui Chen, était responsabl­e à 50 % de l’accident qui a causé son décès le 25 octobre 2019.

Ce jour-là, la dame de 72 ans revenait à pied du parc Loyola, dans Côte-des-Neiges–notre-dame-de-grâce, où elle aimait faire ses exercices quotidiens.

Selon le rapport de la coroner, la dame aurait traversé l’avenue Somerled « à quelques mètres de l’intersecti­on » de l’avenue Mariette avant d’être happée.

FACTEUR HUMAIN SEULEMENT

Pour sa part, la conductric­e impliquée dans l’accident assure avoir fait un arrêt et vérifié la présence de piétons avant de s’engager, peut-on y lire.

« Seul le facteur humain a contribué à la collision, à savoir la piétonne qui ne traversait pas à l’intersecti­on et une inattentio­n de la conductric­e qui ne l’a pas vue », a conclu la coroner Me Marie-Pierre Charland.

Après l’impact, Mme Chen s’est trouvée coincée sous la voiture, sa casquette rose et ses chaussures de sport projetées non loin.

Des passants se sont précipités à sa rescousse et sont parvenus à soulever la Corolla pour la dégager.

Mais la victime ne s’est jamais réveillée de son coma et est décédée près d’un mois plus tard.

Or, les étrangers ne sont pas couverts par le régime de non-responsabi­lité (dit no fault) de la SAAQ, rappelle Sophie Mongeon, avocate spécialisé­e dans la défense des accidentés de la route.

Et comme Wenhui Chen n’était pas assurée, sa fille s’est retrouvée à devoir régler la note de ses frais d’hospitalis­ation à sa place.

« Elle avait très confiance en sa santé… Elle disait : “Je vais me protéger et faire attention” », regrette Yva Tong.

BATAILLE JURIDIQUE

Aujourd’hui, la mère de deux enfants souhaite contester la décision de la SAAQ. « Le montant, c’est clair, mais la responsabi­lité, ce n’est pas clair. Ma mère n’a jamais pu expliquer sa version des faits. Pour moi, c’est 100 % la faute [de la conductric­e]. »

Ses démarches administra­tives et juridiques sont compliquée­s par le fait que ni le français ni l’anglais ne sont des langues qu’elle maîtrise bien.

Yva Tong espère porter la décision en Cour supérieure, même si on lui a refusé le droit à l’aide juridique. Elle a créé une page Gofundme pour tenter de régler ses frais d’avocats.

DE PAYER « JE ! NE JE SUIS SUIS TOUTE PAS CAPABLE SEULE, J’AI DEUX ENFANTS, J’AI PERDU MON TRAVAIL EN FÉVRIER. »

– Yva Tong, fille de la dame décédée

 ?? PHOTOS NORA T. LAMONTAGNE ET COURTOISIE ?? Yva Tong, à quelques mètres de l’endroit où sa mère Wenhui Chen a été mortelleme­nt happée dans le quartier Notre-dame-de-grâce. En mortaise, Yva et sa mère en octobre 2019, peu de temps avant l’accident qui lui a coûté la vie.
PHOTOS NORA T. LAMONTAGNE ET COURTOISIE Yva Tong, à quelques mètres de l’endroit où sa mère Wenhui Chen a été mortelleme­nt happée dans le quartier Notre-dame-de-grâce. En mortaise, Yva et sa mère en octobre 2019, peu de temps avant l’accident qui lui a coûté la vie.

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