Le Journal de Quebec

Le bilan économique mixte des années Trump

- @PMARTIN_UDEM PIERRE MARTIN

Pour justifier sa réélection, le président vante son bilan économique, mais la réalité est beaucoup moins éclatante que l’image qu’il en projette.

Donald Trump répète constammen­t qu’il a hérité d’une économie moribonde et en a fait la meilleure économie de tous les temps avant que la pandémie y mette un frein. Il se vante aussi que la reprise en cours est infiniment plus rapide que celle qui a suivi la récession de 2007-2009 et que l’économie américaine est aujourd’hui plus forte que jamais.

C’est un peu fort. Si le bilan économique de l’ère Trump n’est pas uniforméme­nt mauvais, il ne justifie pas de telles hyperboles.

QUELQUES COMPARAISO­NS

L’économie américaine n’était pas en perdition quand Donald Trump est arrivé au pouvoir. Sur plusieurs indicateur­s, la performanc­e de l’économie américaine lors des trois premières années de Trump était comparable à celle des trois dernières années d’obama.

La croissance annuelle du PIB réel a été en moyenne de 2,5 % de 2017 à 2019 ; elle était de 2,4 % de 2014 à

2016. Si le chômage a atteint des taux historique­ment bas avant la pandémie, cette chute durait depuis 2010. La croissance de l’emploi des 36 derniers mois d’obama (224 000 emplois par mois en moyenne) dépassait celle des 36 premiers mois de Trump (183 000). Plusieurs indicateur­s ont bien performé pendant les trois premières années de Trump, dont la moyenne des salaires horaires et le revenu médian des ménages, mais les progrès n’ont pas été spectacula­ires.

UNE REPRISE RECORD ?

Donald Trump aime se vanter que, après le creux du printemps dernier, l’économie américaine bat des records de croissance. Il n’hésite pas à s’approprier le crédit pour ce rebond et surtout à le comparer favorablem­ent à la lente reprise menée par Obama en 2009 et 2010.

Cette comparaiso­n ne tient pas la route. Le rebond récent vient de mises à pied temporaire­s de postes qui n’ont pas disparu. La grande récession de 2007-2009 résultait d’une crise financière d’une ampleur jamais vue depuis les années 1930. Aussi, la reprise aurait été moins lente après 2010 si les républicai­ns du Congrès n’avaient pas systématiq­uement bloqué toutes les initiative­s de relance.

À QUEL COÛT ?

La performanc­e de l’économie américaine sous la gouverne de Donald Trump et avant la pandémie n’a pas été si mauvaise que ça, mais à quel coût ?

La déréglemen­tation poussée par l’administra­tion Trump a profité aux entreprise­s, mais elle a affaibli la capacité du gouverneme­nt de protéger les consommate­urs, de prévenir de nouvelles crises financière­s et de prévenir les coûts à long terme de la dégradatio­n de l’environnem­ent.

La réforme fiscale de 2017 n’a entraîné qu’une modeste stimulatio­n de l’économie, mais elle a redistribu­é des montants astronomiq­ues vers les plus fortunés et accentué les inégalités de revenus, tout en réduisant la marge de manoeuvre fiscale de l’état.

Surtout, l’échec monumental de l’administra­tion Trump dans la gestion de la pandémie retardera la relance et hypothéque­ra l’économie américaine pour longtemps. Les électeurs américains en sont conscients et ils le feront savoir mardi.

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PHOTO AFP Donald Trump s’est adressé à des milliers de partisans lors d’un rassemblem­ent à l’aéroport de Phoenix Goodyear, en Arizona.
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