Le Journal de Quebec

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Voici cinq grands thèmes possibleme­nt influencés par un gain ou un revers de Donald Trump et de Joe Biden

- FÉLIX PEDNEAULT

Ce n’est pas seulement le destin des États-unis qui se jouera mardi prochain lorsque les Américains se rendront aux urnes et choisiront leur prochain président entre le républicai­n Donald Trump et le démocrate Joe Biden. Le résultat de l’élection aura assurément des répercussi­ons sur le Québec. En voici cinq, expliquées par des spécialist­es de politique américaine.

FACE À LA CHINE

Que ce soit Biden ou Trump qui occupe la Maison-blanche, les deux garderont une ligne dure envers la Chine, et le gouverneme­nt canadien « n’aura pas le choix de refuser le commerce des hautes technologi­es avec la Chine », assure Loïc Tassé, politologu­e à l’université de Montréal.

« La 5G, par exemple, ne sera pas adoptée par le Canada s’il veut continuer de faire affaire avec les États-unis », selon le chroniqueu­r du Journal.

La différence entre Trump et son adversaire, selon M. Tassé, c’est que « Biden pourrait chercher à jouer en équipe face à la Chine en coordonnan­t des pays qui sont alliés des États-unis ».

Le Canada, et donc le Québec qui échange notamment du porc et du soya avec la Chine, se trouverait dans un rapport de force plus avantageux pour négocier des accords commerciau­x avec ce grand pays.

Comme la Chine est le plus grand exportateu­r au monde, « les États-unis craignent de perdre des parts de marché mondial », dont dans le domaine des hautes technologi­es où la Chine fait de progrès rapides.

LES RELATIONS COMMERCIAL­ES

Nos relations commercial­es avec les États-unis pourraient être moins tendues qu’avec Trump si Biden était élu, mais il ne s’agit pas d’une certitude.

Lors du premier mandat de Trump, les négociatio­ns autour du nouvel accord de libreéchan­ge Canada–états-unis– Mexique avaient été musclées, le président sortant ne voulant faire aucune concession.

Avec l’élection de Joe Biden, « on pourrait penser que l’époque de la confrontat­ion est derrière nous », mais ce n’est pas tout à fait vrai, avertit

Guy-philippe Wells, du Centre d’études sur l’intégratio­n et la mondialisa­tion.

Le programme économique de Biden reste très protection­niste, surtout à cause de la pandémie, assure-t-il.

« On n’est pas si loin du Make America Great Again », dit l’économiste, selon qui « M. Biden va s’assurer que l’économie américaine soit forte avant d’ouvrir des accords de libre-échange ».

Les taxes douanières appliquées sous Trump ne devraient pas immédiatem­ent disparaîtr­e si Biden gagne.

PÉTROLE OU ÉLECTRICIT­É ?

Les positions du futur président sur l’énergie auront un impact sur les exportatio­ns du Canada selon sa préférence pour le pétrole ou l’électricit­é.

Si Trump venait à être réélu, les provinces de l’ouest seraient gagnantes, puisqu’il appuie la constructi­on de Keystone XL, le futur oléoduc de 2,3 milliards $ reliant l’alberta aux États-unis. À lui seul, le pipeline vanté par Trump augmentera­it d’un cinquième le volume total de pétrole que le Canada exporte actuelleme­nt chez les Américains.

D’un autre côté, « Biden a évoqué la possibilit­é d’infirmer la décision de construire Keystone XL », affirme Julie-pier Nadeau, de la Chaire Raoul-dandurand, selon qui l’élection de Biden peut nuire à l’économie albertaine.

Le candidat démocrate a d’ailleurs annoncé qu’il compte soutenir la transition vers des énergies vertes, ce qui pourrait être prometteur pour les exportatio­ns en électricit­é du Québec.

Il ne faut toutefois pas se réjouir trop vite, car ce sont les États qui décident.

LES TENSIONS ET LES LUTTES SOCIALES

Les luttes raciales, mais aussi les tensions entre des groupes d’extrême gauche et d’extrême droite, ne disparaîtr­ont pas du jour au lendemain aux États-unis et au Québec même si Trump connaît une défaite. Mais elles pourraient être modérées par l’élection de Joe Biden.

« Le mieux, ce serait qu’il y ait une victoire claire d’un côté comme de l’autre pour apaiser les tensions », selon Julie-pier Nadeau.

Il y a tout de même une plus grande volonté « d’apaiser les tensions plutôt que de les exploiter » du côté de Biden, note la chercheuse à la Chaire Raoul-dandurand, à L’UQAM.

Même si dans un message enflammé sur Twitter le président a appelé sa base militante à « prendre les armes » advenant sa défaite, les États-unis ne courent pas vers la guerre civile non plus selon Mme Nadeau.

« Si on parle des milices d’extrême droite, ce sont des groupes sous les radars des services de renseignem­ent depuis un moment. Il pourrait y avoir une interventi­on advenant une révolte », assure celle qui ne s’inquiète pas de ce genre de menace.

MOUVEMENTS COMPLOTIST­ES

La défaite de Trump pourrait donner plus de raisons de s’indigner aux complotist­es, dont plusieurs voient dans le président un porteparol­e anti-establishm­ent.

Des adeptes de Radio-québec ou des anti-masques, par exemple, analyserai­ent le revers de l’homme d’affaires comme une victoire de l’élite politique américaine, associée à un complot pédosatani­ste mondial.

Rien de nouveau, puisqu’il y a des complotist­es pour s’indigner à chaque nouvelle présidence, selon Francis Langlois, bien que les fervents de Trump soient plus bruyants.

« Il y a eu des gens, même après deux mandats, qui croyaient toujours que Barack Obama n’était pas né aux États-unis », a raconté le chercheur à la Chaire Raoul-dandurand.

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