Adieu aux généreux touristes américains à Mont-tremblant
Chacun dépensait 4000 dollars par séjour dans cette localité des Laurentides
« ON AVAIT DES VOLS
D’AVION PRIVÉS DE GENS
QUI ONT LES POCHES
ASSEZ PROFONDES, QUI
VIENNENT INVESTIR À
TREMBLANT OU PASSER
LEURS VACANCES »
– Isabel Proulx, directrice de l’aéroport de Mont-tremblant
Les riches touristes américains aux poches profondes, qui venaient dépenser leurs millions de dollars dans l’économie locale, boudent l’aéroport de MontTremblant depuis la pandémie.
« On a plus de 90 % de baisse de revenus. On a perdu Air Canada. L’agence des services frontaliers a fermé notre point de dédouanement. Depuis le 12 mai, on n’a aucun trafic de l’extérieur du pays. Ça nous fait énormément de mal », confie la directrice de l’aéroport de Mont-tremblant, Isabel Proulx, qui a dû licencier une vingtaine d’employés pour n’en conserver que deux.
Avant la tempête, l’aéroport accueillait une douzaine de vols commerciaux d’air Canada et Porter chaque semaine, entre décembre et avril, avec des Q400 de 80 passagers, dont près de 30 % étaient des touristes de l’étranger.
Sans parler des vols privés, qui étaient une véritable mine d’or avec plus de 90 % de touristes de l’étranger réputés pour avoir des poches profondes.
« Les avions de Porter sont cloués au sol. Air Canada ne vole presque plus au Québec. On avait des vols d’avion privés de gens qui ont les poches assez profondes, qui viennent investir à Tremblant ou passer leurs vacances dans de beaux hôtels en laissant beaucoup d’argent derrière eux dans les restaurants et les souvenirs », soupire Isabel Proulx.
« MINI LAS VEGAS »
À Tourisme Mont-tremblant, on est sous le choc. Alors que les Montréalais en voiture laissent à peine 150 $ par jour par personne, les Américains qui arrivent en avion n’hésitent pas à allonger des milliers de dollars.
« Entre 4000 et 6000 passagers de l’aéroport ont généré à eux seuls des recettes touristiques de près de 3,7 millions de dollars l’an dernier. Les Américains qui viennent ici dépensent 4000 $ par personne par séjour. Pour eux, c’est comme un mini Las Vegas, c’est une place pour s’amuser », analyse le directeur général de Tourisme Tremblant, Daniel Blier.
Or, le nuage de la pandémie, qui plane au-dessus de l’aéroport des Laurentides est en train d’assombrir l’avenir d’autres villes au Québec.
« Val-d’or, Baie-comeau et Mont-joli sont également en difficultés financières », partage Isabel Proulx, qui porte aussi le chapeau de vice-présidente du Réseau québécois des aéroports (RQA).
SAUVÉE PAR LES MINIÈRES
À Val-d’or, Louise Beaulieu, directrice de l’aéroport régional, n’a pas le coeur à rire. Même si les travailleurs miniers d’agnico Eagle et Canadian Royalties n’ont jamais arrêté d’affluer, la pandémie a fait fuir les autres visiteurs.
« Les vols miniers nous ont gardés en vie, mais les vols commerciaux, ça nous est rentré dedans, surtout avec le retrait d’air Canada et la diminution d’air Creebec. On a un manque à gagner de 1,5 million de dollars », souffle-t-elle.
Pour ne rien arranger, Sunwing, qui venait en Abitibi tous les hivers pour aller dans le Sud s’est aussi retirée. « On ne sait pas si c’est seulement pour cette année ou si c’est définitif », conclut-elle.
Mont-tremblant est la troisième destination touristique derrière Montréal et Québec. Plus de trois millions de personnes par année visitent le coin, ce qui génère des recettes touristiques de près de 320 millions $ par année, selon Tourisme Mont-tremblant.