Soutenir financièrement un proche sans y perdre sa chemise
Lorsqu’elle s’est séparée, il y a quelques années, Claudette est repartie à zéro. Elle a dû avoir recours à ses cartes et à sa marge de crédit pour se racheter une voiture et garnir son nouveau logement. À la clé, un endettement qu’elle n’a jamais réussi à surmonter et qui a empiré avec la pandémie.
Claudette est traductrice et travaille à contrat. Les mandats qu’elle reçoit de ses clients sont irréguliers et ont connu une chute radicale au printemps 2020, une baisse de revenus qui fragilise davantage sa situation financière.
En effet, avec un solde impayé de
14 000 $ sur ses cartes de crédit et de 12 000 $ sur sa marge de crédit, chaque mois, les montants minimums à payer sur ses dettes absorbent une bonne partie de ses ressources. Comble de malheur, son ordinateur a cessé de fonctionner et doit être remplacé.
SON PÈRE À LA RESCOUSSE
Claudette a fait tout ce qu’elle a pu pour sortir de l’impasse : elle a magasiné un ordinateur et une imprimante usagés, a contacté tous les clients potentiels et leur a proposé des offres de services à bon prix, mais c’est peine perdue. À bout de ressources, elle s’est résolue à demander de l’aide à son père afin de pouvoir continuer à faire face à ses remboursements et s’acheter un nouvel outil de travail.
« Se tourner vers un proche est un réflexe naturel, mais la capacité financière des parents est parfois limitée. Or, il est bien difficile de dire non à son enfant et certains se retrouvent eux-mêmes dans une mauvaise position pour avoir voulu donner un coup de pouce à leur progéniture », constate Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabilité et président de Jean Fortin et Associés.
Le père de Claudette a toutefois mis en oeuvre une stratégie futée pour soutenir sa fille sans y laisser lui-même des plumes. D’abord, il lui a permis de se procurer de quoi gagner sa vie et d’assurer sa subsistance.
« Ainsi, il lui a prêté 800 $ qu’elle pourra investir dans l’achat d’un ordinateur et d’une imprimante d’occasion pour son travail. Il lui a aussi promis de la soutenir si elle ne réussissait pas à payer son loyer ou à remplir son frigo », explique Pierre Fortin.
N’ayant pas les moyens de payer toutes les dettes de sa fille, il estimait également que ce n’était pas une bonne idée d’effectuer à sa place les paiements minimums. En effet, à ce rythme, il lui aurait fallu 23 ans pour liquider les soldes des cartes et de sa marge de crédit !
SOLUTION À LONG TERME
Après s’être assuré que les besoins essentiels de Claudette étaient comblés et qu’elle ne manquerait de rien, son père lui a alors conseillé de consulter une firme de syndic autorisé en insolvabilité afin de trouver une solution à long terme pour ses dettes. Elle a longtemps hésité avant d’entreprendre cette démarche, car elle se sentait honteuse et gênée par sa situation financière.
« Dans son cas, il a été possible de faire une proposition de consommateur à ses créanciers. Ils ont accepté une offre de 200 $ par mois pendant cinq ans, pour un total de 12 000 $ », détaille Pierre Fortin.
Pour Claudette, c’est un réel soulagement, car ses paiements minimums mensuels s’élevaient à 780 $ jusqu’ici, un montant dont l’essentiel couvrait uniquement les intérêts qui couraient sur les montants dus.
« Avec la proposition de consommateur, chaque dollar payé est investi dans la réduction de la dette », souligne Pierre Fortin.