Le Journal de Quebec

Soutenir financière­ment un proche sans y perdre sa chemise

- Emmanuelle Gril emmanuelle.gril c @quebecorme­dia.com

Lorsqu’elle s’est séparée, il y a quelques années, Claudette est repartie à zéro. Elle a dû avoir recours à ses cartes et à sa marge de crédit pour se racheter une voiture et garnir son nouveau logement. À la clé, un endettemen­t qu’elle n’a jamais réussi à surmonter et qui a empiré avec la pandémie.

Claudette est traductric­e et travaille à contrat. Les mandats qu’elle reçoit de ses clients sont irrégulier­s et ont connu une chute radicale au printemps 2020, une baisse de revenus qui fragilise davantage sa situation financière.

En effet, avec un solde impayé de

14 000 $ sur ses cartes de crédit et de 12 000 $ sur sa marge de crédit, chaque mois, les montants minimums à payer sur ses dettes absorbent une bonne partie de ses ressources. Comble de malheur, son ordinateur a cessé de fonctionne­r et doit être remplacé.

SON PÈRE À LA RESCOUSSE

Claudette a fait tout ce qu’elle a pu pour sortir de l’impasse : elle a magasiné un ordinateur et une imprimante usagés, a contacté tous les clients potentiels et leur a proposé des offres de services à bon prix, mais c’est peine perdue. À bout de ressources, elle s’est résolue à demander de l’aide à son père afin de pouvoir continuer à faire face à ses remboursem­ents et s’acheter un nouvel outil de travail.

« Se tourner vers un proche est un réflexe naturel, mais la capacité financière des parents est parfois limitée. Or, il est bien difficile de dire non à son enfant et certains se retrouvent eux-mêmes dans une mauvaise position pour avoir voulu donner un coup de pouce à leur progénitur­e », constate Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabil­ité et président de Jean Fortin et Associés.

Le père de Claudette a toutefois mis en oeuvre une stratégie futée pour soutenir sa fille sans y laisser lui-même des plumes. D’abord, il lui a permis de se procurer de quoi gagner sa vie et d’assurer sa subsistanc­e.

« Ainsi, il lui a prêté 800 $ qu’elle pourra investir dans l’achat d’un ordinateur et d’une imprimante d’occasion pour son travail. Il lui a aussi promis de la soutenir si elle ne réussissai­t pas à payer son loyer ou à remplir son frigo », explique Pierre Fortin.

N’ayant pas les moyens de payer toutes les dettes de sa fille, il estimait également que ce n’était pas une bonne idée d’effectuer à sa place les paiements minimums. En effet, à ce rythme, il lui aurait fallu 23 ans pour liquider les soldes des cartes et de sa marge de crédit !

SOLUTION À LONG TERME

Après s’être assuré que les besoins essentiels de Claudette étaient comblés et qu’elle ne manquerait de rien, son père lui a alors conseillé de consulter une firme de syndic autorisé en insolvabil­ité afin de trouver une solution à long terme pour ses dettes. Elle a longtemps hésité avant d’entreprend­re cette démarche, car elle se sentait honteuse et gênée par sa situation financière.

« Dans son cas, il a été possible de faire une propositio­n de consommate­ur à ses créanciers. Ils ont accepté une offre de 200 $ par mois pendant cinq ans, pour un total de 12 000 $ », détaille Pierre Fortin.

Pour Claudette, c’est un réel soulagemen­t, car ses paiements minimums mensuels s’élevaient à 780 $ jusqu’ici, un montant dont l’essentiel couvrait uniquement les intérêts qui couraient sur les montants dus.

« Avec la propositio­n de consommate­ur, chaque dollar payé est investi dans la réduction de la dette », souligne Pierre Fortin.

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