L’homme sur la clôture
Dans la foulée des attentats barbares qui ont secoué la France, la question n’est pas anodine : cette liberté fondamentale donne-t-elle le droit de se moquer des religions ?
La réponse délibérément confuse du premier ministre Justin Trudeau sur la liberté d’expression cette semaine a de quoi inquiéter.
Comment peut-il comparer la récupération par des terroristes islamistes des caricatures de Mahomet avec le fait de crier « au feu » dans un cinéma?
Quelle triste tentative de faire diversion !
Encore une fois, Justin Trudeau a essayé d’épargner la chèvre et le chou.
Non seulement risque-t-il de se montrer sans convictions, il risque aussi de jeter les bases d’une redéfinition dangereuse de la liberté d’expression dans notre société.
LE PRÉTEXTE DES CARICATURES
Les caricatures de Mahomet blessent une part importante de la communauté musulmane. Celle-ci est d’autant plus susceptible qu’elle demeure trop souvent stigmatisée dans notre société.
Le premier ministre a donc amplement raison de dire que « nous devons être conscients du poids de nos mots et de nos gestes sur d’autres ».
Or, l’enjeu ici n’est pas d’examiner si c’était une bonne idée pour un enseignant de débattre de ces caricatures avec des élèves de
13 ans.
Le problème, c’est l’instrumentalisation qu’en font les mouvements islamistes radicaux et la vague de terreur qu’ils cherchent à semer.
LE RISQUE DES DEMI-MOTS
Justin Trudeau a beau répéter que le Canada est solidaire de la France. On est en droit d’en douter.
Il dénonce le terrorisme, mais n’ose pas dénoncer le terrorisme islamiste.
Il dénonce la violence, mais n’ose pas la nommer pour ce qu’elle est : l’expression barbare et fanatique d’une vision du monde rétrograde qui cherche à asservir nos droits et libertés.
Et pourquoi ? Par crainte d’indisposer une partie de son électorat multiculturaliste.
Objectivement, la liberté d’expression ne sert à rien dans une société si elle ne devient pas par moment difficile à défendre. Elle se doit d’être le plus large possible.
C’est le prix à payer pour protéger nos sociétés des dérives d’une police de la pensée.
En se limitant à souligner l’importance de ne pas blesser, de ne pas stigmatiser, Justin Trudeau joue le jeu des extrémistes.
Certes, il épargne les susceptibilités de la communauté musulmane, mais ce faisant, il met en branle une politique d’apaisement face aux islamistes radicaux.
C’est mettre le doigt dans un engrenage bien dangereux.
Par son discours d’apaisement, Justin Trudeau a tourné le dos au combat de la France pour la liberté d’expression.