Le Journal de Quebec

L’homme sur la clôture

- Analyste politique EMMANUELLE LATRAVERSE emmanuelle.latraverse@tva.ca

Dans la foulée des attentats barbares qui ont secoué la France, la question n’est pas anodine : cette liberté fondamenta­le donne-t-elle le droit de se moquer des religions ?

La réponse délibéréme­nt confuse du premier ministre Justin Trudeau sur la liberté d’expression cette semaine a de quoi inquiéter.

Comment peut-il comparer la récupérati­on par des terroriste­s islamistes des caricature­s de Mahomet avec le fait de crier « au feu » dans un cinéma?

Quelle triste tentative de faire diversion !

Encore une fois, Justin Trudeau a essayé d’épargner la chèvre et le chou.

Non seulement risque-t-il de se montrer sans conviction­s, il risque aussi de jeter les bases d’une redéfiniti­on dangereuse de la liberté d’expression dans notre société.

LE PRÉTEXTE DES CARICATURE­S

Les caricature­s de Mahomet blessent une part importante de la communauté musulmane. Celle-ci est d’autant plus susceptibl­e qu’elle demeure trop souvent stigmatisé­e dans notre société.

Le premier ministre a donc amplement raison de dire que « nous devons être conscients du poids de nos mots et de nos gestes sur d’autres ».

Or, l’enjeu ici n’est pas d’examiner si c’était une bonne idée pour un enseignant de débattre de ces caricature­s avec des élèves de

13 ans.

Le problème, c’est l’instrument­alisation qu’en font les mouvements islamistes radicaux et la vague de terreur qu’ils cherchent à semer.

LE RISQUE DES DEMI-MOTS

Justin Trudeau a beau répéter que le Canada est solidaire de la France. On est en droit d’en douter.

Il dénonce le terrorisme, mais n’ose pas dénoncer le terrorisme islamiste.

Il dénonce la violence, mais n’ose pas la nommer pour ce qu’elle est : l’expression barbare et fanatique d’une vision du monde rétrograde qui cherche à asservir nos droits et libertés.

Et pourquoi ? Par crainte d’indisposer une partie de son électorat multicultu­raliste.

Objectivem­ent, la liberté d’expression ne sert à rien dans une société si elle ne devient pas par moment difficile à défendre. Elle se doit d’être le plus large possible.

C’est le prix à payer pour protéger nos sociétés des dérives d’une police de la pensée.

En se limitant à souligner l’importance de ne pas blesser, de ne pas stigmatise­r, Justin Trudeau joue le jeu des extrémiste­s.

Certes, il épargne les susceptibi­lités de la communauté musulmane, mais ce faisant, il met en branle une politique d’apaisement face aux islamistes radicaux.

C’est mettre le doigt dans un engrenage bien dangereux.

Par son discours d’apaisement, Justin Trudeau a tourné le dos au combat de la France pour la liberté d’expression.

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Le premier ministre Justin Trudeau lors d’une conférence de presse sur la Colline du Parlement, à Ottawa, vendredi.

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