Le Journal de Quebec

Il pourrait avoir été en psychose, selon des experts

- NICOLAS LACHANCE

Un trouble psychotiqu­e a sans doute guidé le jeune homme de 24 ans qui est accusé d’avoir commis la sordide tuerie de Québec, à l’aide d’un sabre, samedi soir.

Il s’agit de l’hypothèse préliminai­re qu’émet la psychiatre légale Marie-frédérique Allard. « On peut penser que c’est un trouble psychotiqu­e. À 24 ans, c’est l’âge. Ça peut être l’âge du début d’un trouble mental sévère », a-t-elle souligné en entrevue au Journal.

Carl Girouard, 24 ans, serait parti de la couronne nord de Montréal pour se rendre dans le Vieux-québec et froidement assassiner, à l’aide d’un sabre japonais, deux citoyens, en plus d’en blesser cinq autres.

« Ça pourrait être quelqu’un qui a développé un trouble psychotiqu­e. Il ne connaissai­t pas les victimes, on ne connaît pas la motivation et ça ne semble pas être un acte de colère ni de vengeance. Puis il débarque dans une autre ville et il s’en prend à des gens qu’il ne connaît pas de façon très violente », a décrit la Dre Allard.

Elle reste cependant prudente, signalant qu’à la suite d’une évaluation psychiatri­que, le diagnostic pourrait être bien différent. « On peut supposer ça. Mais peutêtre que ça sera autre chose », dit-elle.

Le Dr Gilles Chamberlan­d, psychiatre à l’institut Philippe-pinel, a également soutenu cette thèse sur les ondes de LCN. « La façon dont il est habillé, l’arme utilisée : ça ressemble beaucoup à quelqu’un qui est en psychose », a-t-il commenté.

INFORMATIO­NS POLICIÈRES

La psychiatre Marie-frédérique Allard a toutefois été très surprise de la déclaratio­n du chef de police de la Ville de Québec, Robert Pigeon, qui a commenté devant les médias les possibles problèmes de santé mentale du tueur présumé.

Il a avancé que Carl Girouard avait déjà souligné, il y a plus de cinq ans, dans un contexte médical, son désir de tuer des gens.

Selon des informatio­ns de notre Bureau d’enquête, cet événement se serait produit en 2014. Comment a-t-il eu ces informatio­ns aussi rapidement ?

« J’ai rarement vu ça. Puis, c’est rare que les policiers demandent le dossier médical. Ils ont besoin d’un mandat », indique la psychiatre.

LE DROIT DE DÉNONCER

Elle soutient toutefois qu’un médecin peut avertir les autorités lorsqu’un patient représente un danger pour la population et ainsi mettre de côté le secret profession­nel.

« Il s’agit d’une décision de la Cour suprême. Comme médecin, psychiatre ou psychologu­e, si on se retrouve avec un individu qui fait des menaces envers une personne identifiée ou un groupe de personnes identifiée­s et que le risque est grave et imminent, on a le droit de dénoncer le patient aux policiers », précise la Dre Allard.

Ils peuvent également aviser une personne visée par les menaces.

Il s’agit toutefois d’un droit et non d’une obligation, mentionne la psychiatre.

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