Le Journal de Quebec

100 M$ pour la santé mentale

Québec débloque des fonds pour aider les personnes affectées par la pandémie

- PATRICK BELLEROSE

L’investisse­ment de 100 M$ en santé mentale annoncé dans la foulée de la tuerie de Québec a été bien accueilli hier, mais les sommes devront devenir récurrente­s, disent les intervenan­ts.

En réaction aux événements du weekend, le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux Lionel Carmant a devancé cette annonce prévue lors de la mise à jour budgétaire, le 12 novembre prochain.

Le montant, décliné en plusieurs volets, permettra de rehausser les services d’aide psychologi­que jusqu’en mars 2022, autant pour les citoyens anxieux en raison de la pandémie que pour les personnes souffrant de troubles mentaux sévères ( voir encadré).

Au sortir du confinemen­t au printemps dernier, 12 % des Québécois disaient vivre une détresse psychologi­que problémati­que (contre seulement 2 % en temps normal) et plus du tiers se sentaient davantage anxieux, selon les données de l’institut national de santé publique du Québec (INSPQ). « Les effets néfastes sur la santé psychologi­que peuvent être effectivem­ent nombreux, et les besoins psychosoci­aux continuero­nt de se manifester au-delà de la gestion de la crise sanitaire que nous vivons actuelleme­nt et du déconfinem­ent », a déclaré le ministre Carmant.

LISTE D’ATTENTE

Quelque 16 000 personnes attendent des services en santé mentale dans le réseau public, contre 28 000 en 2018. Cette donnée fait dire au ministre Carmant que la « situation est préoccupan­te », mais « sous contrôle ».

Mais l’alliance du personnel profession­nel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), elle, n’hésite pas à parler d’une « crise » de santé mentale. Elle salue l’investisse­ment important, mais souhaite le voir devenir récurrent. « Il faut multiplier et accélérer les pas, sinon nous ne surmontero­ns jamais cette crise », affirme sa présidente, Andrée Poirier.

RESSOURCES INSUFFISAN­TES

Même son de cloche du côté de l’associatio­n des médecins psychiatre­s du Québec (AMPQ). « Ces montants n’ont du sens que dans la mesure où ça s’inscrit dans quelque chose qui va être récurrent », dit le Dr Olivier Farmer, psychiatre à l’hôpital Notre-dame, à Montréal, et porte-parole pour l’associatio­n.

Mais les besoins pour les patients atteints de maladies mentales, les cas lourds que traitent les psychiatre­s, vont bien au-delà des sommes annoncées hier. « Ici, au centrevill­e de Montréal, on est capables d’offrir l’hospitalis­ation à environ un patient sur dix », déplore le Dr Farmer.

Un phénomène de « portes tournantes » que connaissen­t bien les policiers des grandes villes qui se sont transformé­s, bien malgré eux, en travailleu­rs sociaux depuis le mouvement de désinstitu­tionnalisa­tion.

Martine Fortier, présidente de la Fraternité des policiers et policières de la Ville de Québec (FPPVQ), donne l’exemple récent d’un homme suicidaire qui a reçu son congé de l’hôpital quelques jours après avoir été admis. « On a eu trois appels pour le même homme en l’espace de deux semaines, illustre-t-elle. […] Ça demande des ressources. Mais on ne peut pas ne pas le chercher, il y a des vies en danger. »

 ?? CAPTURE D’ÉCRAN, TVA NOUVELLES ?? Le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux Lionel Carmant a annoncé hier des montants importants pour rehausser les services d’aide psychologi­que en lien avec la pandémie. L’annonce a été devancée après la tuerie survenue à Québec.
CAPTURE D’ÉCRAN, TVA NOUVELLES Le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux Lionel Carmant a annoncé hier des montants importants pour rehausser les services d’aide psychologi­que en lien avec la pandémie. L’annonce a été devancée après la tuerie survenue à Québec.

Newspapers in French

Newspapers from Canada