Le Journal de Quebec

La laïcité du Québec menacée par le Canada

- DENISE BOMBARDIER e Blogueuse au Journal Journalist­e, écrivaine et auteure c denise.bombardier @quebecorme­dia.com

Hier, s’est ouvert au palais de justice de Montréal le procès contre la loi 21. Dix-huit organismes ou personnes individuel­les contestent la légalité de cette loi du gouverneme­nt Legault, qu’appuient la majorité des Québécois francophon­es.

Il est intéressan­t de connaître la liste de ceux qui s’opposent à la loi. On trouve Ichrak Nourel Hak, le Conseil national des musulmans canadiens, l’associatio­n canadienne des libertés civiles, la World Sikh Organizati­on of Canada, Amrit Kaur, Amnistie internatio­nale (section Canada francophon­e), la Commission canadienne des droits de la personne, le Quebec Community Groups Network, l’alliance de la Fonction publique du Canada, la Fédération autonome de l’enseigneme­nt, Andréa Lauzon, Hakima Dadouche, Bouchera Chelbi, le comité juridique de la Coalition Inclusion Québec, l’associatio­n de droit Lord Reading, la Commission scolaire English-montréal (CSEM), Mubeenah Mughal et Pietro Mercuri.

La partie adverse est formée de Jean-françois Roberge et Simon Jolin-barrette, représenté­s par le procureur général du Québec, le Mouvement laïque québécois, le groupe Pour les droits des femmes du Québec (PDF-Q) et Libres penseurs athées.

INÉGALITÉ DE MOYENS

En lisant la liste des dix-huit contestata­ires et des quatre défendeurs, l’on se rend compte qu’il s’agit, d’un côté, d’une armée équipée de missiles sophistiqu­és, et de l’autre, d’un bataillon léger usant d’arbalètes.

Car les contestata­ires ont accès à des avocats parmi les plus redoutable­s au Canada, des avocats qu’ils ont les moyens de se payer, car on peut sans exagérer évaluer à des millions et des millions de dollars les frais profession­nels des plaideurs.

Il faut aussi noter que les organismes publics, telle la Commission scolaire English-montréal, sont financés avec l’argent de tous les contribuab­les du Québec, donc de la majorité francophon­e.

On sait aussi que le « love-in » controvers­é organisé lors du référendum de 1995, où des Canadiens venus de tout le pays sont débarqués à Montréal pour nous faire des bisous, a coûté des dizaines de millions de dollars non comptabili­sés en dépenses électorale­s.

PROVOCATIO­N

Le procès qui se déroule à Montréal prend de plus en plus des allures de provocatio­n en temps de pandémie. Bien sûr, c’est par hasard que ce procès, qui remet en question la légalité de la loi 21 parce qu’elle porterait supposémen­t atteinte à l’égalité entre les hommes et les femmes, se déroule en ce moment. Mais le procès mettra peut-être en lumière la fragilité du gouverneme­nt québécois face au défi d’adopter des lois distinctiv­es.

Faut-il rappeler la lutte incessante pour défendre notre langue ? On sait pertinemme­nt que la loi 101 demeure une cible pour nombre de groupes qui en souhaitent la disparitio­n grâce à l’adoption du bilinguism­e officiel au Québec et à la victoire définitive du multicultu­ralisme version Justin Trudeau.

Déjà inquiets et déstabilis­és par les effets néfastes de la pandémie, déjà divisés par les revendicat­ions antiracist­es qui appellent à la censure des mots, les Québécois assisteron­t-ils à la déliquesce­nce des valeurs qui les définissen­t encore et les empêchent ainsi de glisser plus rapidement vers une assimilati­on culturelle et linguistiq­ue dans un Canada idéal, ouvert en principe à tous. Sauf à nous, puisqu’on prétend que nous résistons à nous inclure dans ce paradis de la diversité d’un océan à l’autre où triomphera­ient l’égalité, la vertu, la pureté et la tolérance.

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Que sommes-nous en train de devenir ?

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