Le Journal de Quebec

Ce triste champion sera-t-il réélu ?

- GUY FOURNIER guy.fournier @quebecorme­dia.com

Le 9 novembre 2016, Le Journal a publié une page frontispic­e si remarquabl­e qu’elle a fait le tour du monde.

Sur la photo de Donald Trump, on pouvait lire les mots

« Oh My God ! » Expression très courante chez les anglophone­s, elle résumait admirablem­ent la surprise des Québécois et d’une grande partie du monde à l’annonce des résultats de l’élection présidenti­elle américaine de 2016.

En dépit de tous les sondages qui donnaient gagnante l’ex-vice-présidente Hillary Clinton et malgré le fait qu’elle avait remporté le vote populaire par près de 3 millions de voix, c’est le milliardai­re new-yorkais qui avait récolté 306 des 538 votes du collège électoral. Il devenait ainsi le 45e président des États-unis.

C’est la téléréalit­é, genre sur lequel la plupart des commentate­urs et des « gens de qualité » lèvent le nez, qui a fait la popularité de Donald Trump, y compris sa fortune à ce qu’on rapporte. Pendant 14 ans, l’homme à la chevelure fantasque fut à la barre de The Apprentice. Même si l’émission fut la septième plus regardée à sa première saison, elle fut vite reléguée au-delà de ce rang les saisons suivantes. Trump n’en prétend pas moins qu’elle a toujours été numéro 1.

LA PUISSANCE DE L’IMAGE

Donald Trump a découvert la puissance de l’image avec cette téléréalit­é. The Apprentice lui a montré qu’il pouvait faire plus d’argent avec sa seule image qu’avec l’immobilier où il avait jusque là plus ou moins bien réussi. C’est donc grâce à son image et à un slogan du tonnerre, « Make America Great Again », qu’il a remporté la présidence.

Son image – son « branding » comme disent les professeur­s de marketing –, Trump n’a pas cessé un seul jour de la cultiver. Insatisfai­t de celle que les médias projetaien­t de lui, il a abandonné les points de presse traditionn­els pour s’en remettre complèteme­nt aux réseaux sociaux. Il est vite devenu le champion incontesté de Twitter, transmetta­nt jusqu’à 30 tweets par jour. Selon les statistici­ens d’internet, l’avalanche de tweets @ realdonald­trump génère mille tweets à la minute de toutes les parties du monde.

UNE VÉRITABLE OBSESSION

Qu’importe si le tiers des tweets du président colportent des faussetés, des accusation­s mensongère­s et des demi-vérités, l’important c’est que Donald Trump reste omniprésen­t partout. Ni Mao, ni Hitler, ni Staline n’auront réussi mieux que lui une telle culture de leur image. Très rares sont les journées où une radio, une chaîne de télé ou un journal, quel que soit le pays, n’ont pas montré une photo du président des États-unis ou relayé l’une de ses déclaratio­ns. Donald Trump est devenu une véritable obsession pour tous les médias du monde.

Ce soir – peut-être demain ou seulement dans les jours qui vont suivre en raison des difficulté­s de recomptage – Donald Trump pourrait bien apprendre que les électeurs américains lui ont finalement servi les mots cassants qu’il a prononcés si souvent à The Apprentice : « You’re fired ! »

Si tel n’était pas le cas, nous devrons vivre quatre ans de plus avec ce président. L’influence des États-unis étant si envahissan­te, en particulie­r chez nous, comment réussira-t-on alors à restaurer l’idéalisme des citoyens et à rétablir leur confiance dans les dirigeants qu’a déjà érodés presque entièremen­t ce triste champion de la téléréalit­é et des réseaux sociaux ?

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