Trump a gagné
Au moment d’écrire cette chronique (hier après-midi), je ne connaissais pas encore les résultats de l’élection.
Mais ça ne fait rien.
Je n’avais pas besoin de les connaître.
Car quoi qu’il arrive, quel que soit le résultat final, Trump a gagné.
DE GAULLE ET TRUMP
En effet, tout comme le gaullisme a survécu à De Gaulle, le trumpisme survivra à Trump.
Je ne dis pas que les deux hommes se valent, bien sûr. Jamais je n’oserais faire une telle comparaison entre l’homme du 18 juin et l’ex-animateur de The Apprentice !
Mais tous deux ont donné un sacré coup de pied dans le système électoral et politique de leur pays.
Que l’on soit d’accord ou pas avec ses prises de position, qu’on déteste le personnage ou non, le magnat de l’immobilier a gagné son pari.
Il a prouvé au monde entier que les populistes de droite pouvaient prendre le pouvoir aux États-unis.
Le milliardaire Ross Perot a essayé en 1992, mais n’a recueilli que 19 % des voix.
L’égérie du Tea Party Sarah Palin a essayé en 2008, aux côtés de John Mccain, mais le duo a mordu la poussière contre Barack Obama.
Avec Trump, la troisième tentative fut la bonne.
Les populistes de droite qui détestent les représentants de l’élite, les journalistes et toutes les figures associées de près ou de loin à l’establishment politique, médiatique et académique ont pu enfin goûter au pouvoir pendant quatre ans.
Et vous pensez que l’aventure se terminera comme ça ?
Vous rêvez.
Même si le Parti républicain décide de faire amende honorable, de redevenir un « grand parti parapluie » et d’effacer toutes traces de son ancien chef, le trumpisme est là pour rester.
Pour le meilleur et surtout pour le pire.
HEUREUX LES CREUX
Qu’est-ce qui caractérise le trumpisme ?
À mon avis, six choses. La méfiance envers les élites, quelles qu’elles soient.
Voir d’un très mauvais oeil tout ce qui menace ou affaiblit la souveraineté nationale (les gros machins bureaucratiques comme L’ONU, L’OMS, etc., mais aussi les alliances économiques et militaires).
Le populisme (flatter le peuple dans le sens du poil, ou comme diraient certains : parler au peuple de choses qui intéressent le peuple avec les mots du peuple).
Parler directement aux gens sans passer par les médias.
Prendre plaisir à refuser toute forme de rectitude politique, quitte à être grossier, vulgaire, sexiste et raciste.
Et, dernier point, mais non le moindre : décomplexer
Joe Six Pack qui a toujours eu un peu honte de son manque d’éducation et de culture.
« Il est souvent arrivé que tu te sentes rabaissé parce que tu n’avais pas de diplôme universitaire ? Pas de problème, mon ami, de toute façon, l’enseignement supérieur abrutit les gens et sape leur jugement ! »
C’est une forme de rousseauisme anti-intellectuel : l’homme est bon par nature, mais l’éducation le corrompt.
L’ignorance n’est pas une faiblesse : c’est une force !
PARASITE
Comme le parasite du filmculte Alien, le trumpisme a pondu ses oeufs dans le ventre du Parti républicain.
Après cinq ans, le temps est venu pour ce mouvement de jaillir de son hôte et de vivre sa vie.
Et comme dans la suite, Aliens, la créature fera des petits. Et proliférera.
C’était un homme. C’est maintenant une armée.
Le trumpisme survivra à Trump.