Une élection, deux pays
Un président qui, à mots couverts, appelle à la violence, des commerces qui se barricadent, des millions d’américains dont le vote pourrait être refusé par les cours de justice, un Congrès qui pourrait basculer complètement aux mains des démocrates, des électeurs qui remettent en cause la légitimité des institutions : une élection américaine aura rarement été aussi historique et aussi inhabituelle.
Tel que prévu, à l’heure d’écrire cette chronique, aucun candidat n’a encore remporté le nombre requis de grands électeurs pour devenir président. La soirée électorale a suivi le scénario le plus probable : une lutte serrée pour gagner le vote des grands électeurs, mais un vote populaire qui devrait finir par favoriser Joe Biden.
Peu importe qui gagnera, l’avenir des deux principaux partis se joue à ces élections.
AVENIR DIFFICILE POUR LES RÉPUBLICAINS
Au-delà des résultats de ce soir, le Parti républicain doit faire un sérieux examen de conscience, surtout si le Congrès tombe entièrement entre les mains des démocrates.
La population américaine suit de moins en moins le Parti républicain.
S’il a récolté autant de votes, il le doit au gourou fou qu’il a choisi à sa tête. Son charisme a magnétisé beaucoup d’américains qui ne comprennent pas bien les enjeux réels de leur pays. Le programme du parti s’est transformé en un culte de Trump.
AVENIR DIFFICILE POUR LES DÉMOCRATES
La situation de Joe Biden et du parti démocrate est loin d’être aussi confortable qu’il pourrait sembler au premier abord. Le problème est que Biden a laissé entendre qu’il ne serait qu’un président de transition.
En d’autres termes, les candidats à sa succession s’activent déjà à l’intérieur du parti démocrate. En ce sens, il est « canard boîteux », avant même d’avoir été assermenté. Et le parti est entre les mains d’une gérontocratie qui a du mal à laisser entrer du sang neuf.
S’il est élu, Biden pourra probablement compter sur ses transfuges du parti républicain, si jamais le Sénat devient démocrate. Il pourrait même en nommer quelques-uns dans son cabinet. Mais les luttes à l’intérieur de son parti et la tâche colossale qui l’attendent risquent de l’entraver.
Qui sera élu par les grands électeurs au cours des prochains jours ? Biden détient une avance qui devrait se consolider.
Cela dit, les États-unis apparaissent plus divisés que jamais entre les villes et les campagnes, entre les États de la Nouvelle-angleterre et de la côte ouest et les États du centre. Au point où deux pays apparaissent à l’intérieur d’un même territoire.
Peu importe qui gagnera, l’avenir des deux principaux partis se joue à ces élections