Le Journal de Quebec

Une ville meurtrie

- JOSÉE LEGAULT e Blogueuse au Journal Politologu­e, auteure, chroniqueu­se politique josee.legault@quebecorme­dia.com @joseelegau­lt

Québec, ville blessée. Endeuillée. Meurtrie par le parcours assassin d’un jeune homme venu d’ailleurs pour y semer la mort. Ville déchirée par la mort atroce de Suzanne Clermont et de François Duchesne.

Ville inquiète pour les cinq autres victimes, heureuseme­nt vivantes, mais toutes blessées à l’arme blanche. Ville néanmoins résiliente. Courageuse. Solidaire.

De Montréal et du reste du Québec, nous sommes séparés de vous par la pandémie, mais nos coeurs s’envolent vers vous depuis ce soir fatidique. Cette tragédie nous hante et nous prend au ventre.

BEAUTÉ

Ce Vieux-québec, je l’ai bien connu au début des années 2000. J’y travaillai­s comme conseillèr­e spéciale au bureau du premier ministre.

Au bout de longues journées sans fin, ma parenthèse d’accalmie, je la trouvais dans la beauté saisissant­e de ce quartier sans âge. Je le laissais me bercer, tout simplement.

Autour du Château Frontenac, tout près duquel François Duchesne est mort, sa majesté architectu­rale me reposait l’esprit. La rue des Remparts, celle de Suzanne Clermont, je l’arpentais pour me perdre dans l’horizon infini sur lequel elle s’ouvre sans compter.

À mon arrivée, j’avais même tenté de m’y trouver un appart. Devant de très belles fenêtres carrelées toutes de blanc vêtues, je m’arrêtais pour en admirer l’impression­nante précision. En voyant les images de la vigile, j’ai su qu’elles étaient celles de la résidence de Suzanne Clermont.

Devant les témoignage­s bouleversa­nts d’amour et d’amitié de ses voisins, amis et clients de longue date, ce quartier nous est tout à coup apparu sous son vrai jour.

Non plus celui des parcours touristiqu­es courus d’avant la pandémie, mais d’un véritable voisinage. Tricoté serré. Dans le sens le plus humain du terme.

INEXPLIQUÉ

Une vraie vie de quartier qui, tapie dans les hauteurs, s’est vue privée brutalemen­t de sa précieuse « Madame Sourire » des 25 dernières années.

Selon tous ceux et celles qui l’ont connue, Suzanne Clermont, coiffeuse de profession, donnait aussi généreusem­ent tout plein de bonheur à sa clientèle. De l’écoute. Des rires. Des confidence­s. De la beauté.

Selon ses amis et collègues éplorés, François Duchesne, directeur des communicat­ions au Musée national des beaux-arts du Québec, était de la même eau – un infatigabl­e pourvoyeur de beauté. De par son amour de l’art, sa douceur enveloppan­te et son immense joie de vivre.

Par un hasard particuliè­rement barbare, à quelques minutes l’un de l’autre, la mort les a happés sans crier gare. Deux êtres de lumière et de beauté, arrachés pour toujours à leurs proches. Dans ce quartier autrement serein.

Régis Labeaume, maire bienveilla­nt, dit chercher « la » raison de la tuerie. Pourquoi Québec ?

Dans un message déchirant sur sa page Facebook, il dit être retourné sur les « lieux du crime » pour « confirmer un doute qui m’obsède depuis samedi soir. Cette pensée que le malheur a choisi notre ville à cause de sa beauté ».

Sa beauté, précise-t-il, toute médiévale au sommet des remparts. Le tueur, revêtu d’un costume médiéval, aurait-il choisi d’y frapper pour cette même raison ? On ne le saura peutêtre jamais.

Tout ce que l’on sait est que le mal, même inexpliqué, n’effacera jamais le passage rayonnant de Suzanne Clermont et de François Duchesne dans la vie de celles et ceux qui les ont tant aimés.

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toujours à leurs proches.
Suzanne Clermont Par un hasard barbare, la mort les a happés sans crier gare. Deux êtres de lumière et de beauté, arrachés pour toujours à leurs proches.
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François Duchesne
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