Le Journal de Quebec

La Caisse a offert pas moins de 1 G$ US à Garda

L’institutio­n et l’entreprise se querellent de plus belle

- SYLVAIN LAROCQUE

La Caisse de dépôt a offert d’investir plus de 1 milliard $ US dans Gardaworld pour aider l’entreprise québécoise à mettre la main sur le géant britanniqu­e de la sécurité G4S, a révélé hier au Journal le PDG de l’institutio­n, Charles Émond.

« Le rôle de la Caisse, c’est d’appuyer les entreprise­s québécoise­s quand elles ont des projets importants et qu’elles veulent obtenir une position de leadership dans le monde. Dans cette optique-là, la Caisse a offert, en un temps record, une offre unique et différenci­ée qu’aucune banque ne pouvait fournir – un financemen­t en actions privilégié­es qui allait significat­ivement au-delà du milliard de dollars US », a affirmé M. Émond.

En septembre, Garda a déposé une offre d’achat non sollicitée pour G4S. Quelques semaines plus tôt, l’entreprise avait contacté la Caisse pour obtenir du financemen­t.

ACHAT DU GÉANT G4S

« On avait une entente depuis une semaine et la veille du transfert des fonds, ils ont décidé [Garda] d’aller avec un autre investisse­ur [un syndicat regroupant des banques étrangères et canadienne­s], a ajouté Charles Émond. C’est leur décision, mais est-ce qu’on a joué notre rôle à la lumière de ce qu’ils voulaient ? La réponse c’est oui, à 110 %. »

D’après Garda, la propositio­n de financemen­t du syndicat bancaire était « exceptionn­elle ».

G4S a rejeté du revers de la main l’offre d’achat hostile de Garda, la qualifiant d’« opportunis­te » et de « peu attrayante ».

« Je comprends que la situation est peutêtre frustrante pour Garda, mais ce n’est pas à la Caisse d’être tenue responsabl­e de l’approche et de la tactique qu’ils ont », a lancé M. Émond. Selon lui, ce n’était pas seulement l’offre de Garda pour G4S qui était « hostile », mais également le « narratif » de l’entreprise pour la promouvoir.

PAS DE VENGEANCE

Hier, G4S a également rejeté une offre d’achat « hautement conditionn­elle » présentée par la firme américaine Allied Universal, dans laquelle la Caisse détient une participat­ion de 35 %.

Malgré tout, Charles Émond a assuré que la Caisse ne cherchait pas à se venger de Garda.

« Il ne faut pas nous prêter des intentions et dire qu’on veut nuire à une entreprise québécoise », a-t-il insisté, en notant au passage que le placement de la Caisse dans Allied a été « extrêmemen­t rentable » jusqu’ici.

Le PDG de Garda, Stéphan Crétier, s’est étonné hier que la Caisse s’intéresse à G4S par l’entremise d’allied Universal.

« Nos employés québécois ne peuvent pas comprendre les raisons qui motivent “leur” Caisse de dépôt à investir dans une entreprise [G4S] faisant l’objet de nombreux scandales, a-t-il lâché. Parmi ceuxci, notons des poursuites liées à de la torture au sein de prisons sous sa gouverne en Afrique du Sud, des paiements versés aux talibans pour protéger ses activités en Afghanista­n, des pratiques d’emploi propres à l’esclavage au Moyen-orient ainsi que des enquêtes pour corruption en Europe. »

La Caisse a répliqué avoir réalisé une analyse du dossier sous l’angle de la responsabi­lité sociale.

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PHOTO CHANTAL POIRIER Le PDG de la Caisse de dépôt, Charles Émond, s’est exprimé, hier, en entrevue au Journal, au sujet du dossier Garda.

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