Le Journal de Quebec

Quand ton passé te mène vers ton malheur

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je fus étonnée un certain dimanche matin de l’été dernier de voir qu’une lettre que je vous avais envoyée était publiée dans votre chronique. Jamais je n’aurais cru que vous accepterie­z de le faire, vu que ma pensée diverge de celle de la majorité des femmes qui vous écrivent. Je signais « Une femme drette dans ses souliers ! ».

Pour vous donner certaines pistes pour me comprendre, je dirai que je suis issue d’une mère alcoolique, méchante et assez putain à mon goût, qui s’était séparée de mon père, un intellectu­el raffiné, qui l’avait épousée pare qu’il avait eu pitié d’elle. Leur mariage a duré quatre années, alors que moi j’étais venue au monde deux ans avant qu’ils ne convolent.

Mon père l’a laissée quand il a su qu’elle le trompait avec un garçon plus jeune qu’elle. Un homme qu’elle a épousé d’ailleurs et avec qui elle a eu un garçon. Cette période de ma vie, j’en ai très peu de souvenirs tellement on me faisait boire et accomplir des actes contre nature, comme coucher avec le mari de ma mère.

Je me suis donc enfuie de là vers l’âge de 16 ans après avoir rencontré le vieux monsieur dont je vous parlais dans ma première lettre. Lequel m’a servi de mari et que j’ai ainsi enduré malgré ses défauts pendant tant d’années. J’avais si peur de me retrouver à la rue, que tout ce qu’il voulait, je l’acceptais sans poser de questions.

C’est de lui que je me suis retrouvée veuve à 62 ans. Je vous avouais ne l’avoir jamais aimé, et c’était vrai. Mais vous semblez avoir douté quand j’ajoutais que je croyais ne jamais avoir aimé personne dans ma vie. Eh bien je vous le confirme. Sauf que je maintiens avoir toujours eu le sens du devoir en ne quittant jamais l’homme avec lequel j’étais mariée, pour le meilleur et pour le pire. Quoi que vous en pensiez, c’est ma vérité, et je ne crois pas avoir jamais été dépendante affective.

Femme toujours drette dans ses souliers !

C’est intéressan­t de voir que ma réponse vous a au moins incitée à me donner plus d’informatio­ns sur votre passé pour que je puisse analyser votre présent différemme­nt. Mais voyez-vous, je maintiens mon idée que la dépendance affective peut mener quelqu’un à endurer n’importe quelle situation difficile, dans la mesure où ça lui permet de ne rien changer à ses habitudes. Autrement dit, vaut mieux continuer à vivre dans la stabilité avec un homme qui nous détruit, puisque ça nous évite de nous mettre à risque, ou de vivre dans une instabilit­é déplaisant­e, si on empruntait de nouvelles avenues.

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