Dans la tête des trumpistes
Au moment d’écrire ces lignes, nous ne savons toujours pas qui sera le prochain président des ÉtatsUnis.
Cela confirme une chose : le système politico-médiatique a beau avoir tout fait pour expulser Donald Trump de la Maison-blanche, on a trouvé des dizaines de millions d’américains pour le soutenir.
Que ses électeurs aient voté pour lui sans plaisir ou dans l’enthousiasme ne change rien au fait qu’ils ont résisté à une campagne médiatique le présentant comme un ennemi de l’humanité.
RÉVOLTE
Bien des commentateurs ne comprennent tout simplement pas que des électeurs normalement constitués se soient permis de voter pour lui, sauf à diagnostiquer chez eux de basses pulsions racistes, sexistes et complotistes. Sa candidature attire assurément des coucous. On ne saurait pourtant l’y réduire.
Voyons les choses à partir d’un autre angle.
Trump était en 2016 un candidat antisystème. En 2020, il l’était encore.
C’est que le véritable pouvoir, aujourd’hui, est concentré dans un système médiatique dominé par le politiquement correct inspiré par la gauche radicale. Souvent, il déforme la réalité, à force de la présenter sous un angle tortueux, au point de créer une réalité alternative. Cela devient choquant.
Comment se fait-il, par exemple, que nous soyons tous convaincus que Donald Trump est l’unique responsable des violences et des émeutes raciales qui ont frappé les États-unis depuis l’été 2020 sans que nous ne portions attention au rôle de l’extrême gauche antifa et de la frange ultraradicale du mouvement BLM ?
La révolte contre les médias est au coeur de l’insurrection populiste partout en Occident. Cette révolte est indissociable de l’exaspération contre la cancel culture, qui caractérise une université en décomposition où les milices de la gauche radicale imposent une forme de terreur intellectuelle.
La rupture entre les élites médiatico-intellectuelles et les classes populaires est profonde.
Trump a été porté par cette révolte antisystème. L’économie n’explique pas tout. La politique est aussi une guerre culturelle.
On a répété que Trump pourrait contester les résultats s’il perdait les élections. Les milices qui sont prêtes à se mobiliser s’il perd pour le garder au pouvoir représentent un extrémisme répugnant.
Mais n’oublions pas que s’il gagne dans les règles, il y a bien des chances que des centaines de milliers de personnes refusent furieusement sa victoire.
Les États-unis sont tellement divisés idéologiquement que les deux camps qui s’y affrontent ne sont plus prêts à accepter la possibilité de la victoire de l’autre.
Trump n’a pas été un grand président. S’il perd, son départ entraînera peut-être un apaisement temporaire des États-unis.
VIOLENCE
Mais il fut l’expression d’une colère profonde et légitime qui ne se dissipera pas d’un coup s’il quitte la Maison-blanche.
Notre monde, qui est celui de la mondialisation sauvage, de l’immigration massive, du choc des civilisations et des identités, de l’agression islamiste, de la fanatisation de la gauche universitaire, de la rectitude médiatique et du retour de la violence politique, ne peut plus s’attendre à une politique.
Quel que soit le vainqueur, il serait temps d’essayer de comprendre cet électorat en révolte.
Les électeurs de Trump ne sont pas tous fous