Trump refuse d’envisager une défaite
Il multiplie les accusations de fraude sans fondement et les recours judiciaires
LE JOURNAL ET AFP | De plus en plus isolé au sein de son parti, Donald Trump martelait toujours hier que la bataille pour la présidence n’était « pas finie » dans une tentative désespérée de s’accrocher au pouvoir alors que sa défaite semble presque inévitable.
« Joe Biden ne devrait pas revendiquer la présidence de manière illégitime. Moi aussi, je pourrais la revendiquer. Les recours en justice ne font que commencer », a menacé le président sortant dans un tweet publié hier en soirée.
L’écart n’a cessé de se creuser à l’avantage de son adversaire tout au long d’une journée où les résultats ont été dévoilés au compte-gouttes.
« Cette élection n’est pas finie. Les projections erronées proclamant la victoire de Joe Biden sont basées sur des résultats loin d’être définitifs dans quatre États », pouvait-on lire dans un communiqué manifestement optimiste publié par l’équipe du président sortant en mi-journée.
À l’heure de mettre sous presse, Joe Biden le devançait dans tous les États-clés qui lui permettraient de devenir le 46e président américain alors qu’il ne restait qu’une fraction des bulletins de vote à dépouiller.
L’entourage du candidat démocrate se préparait même à devoir expulser le président sortant dans l’éventualité où il refuserait de reconnaître sa défaite.
DES ACCUSATIONS À LA TONNE
Depuis mardi, Donald Trump n’a cessé de reprocher aux démocrates de lui « voler » l’élection et a crié à la fraude électorale à large échelle, sans pour autant fournir de preuves.
Ses avocats ont lancé de multiples actions judiciaires, que les démocrates estiment sans fondement, mais qui pourraient retarder de plusieurs jours ou semaines l’officialisation des résultats.
Le malaise concernant ces accusations infondées était d’ailleurs palpable hier au sein même du clan républicain, alors que plusieurs élus ont dénoncé une « dangereuse » stratégie de désinformation.
Le discours accusateur de Trump a notamment profondément dérangé le sénateur de la Pennsylvanie, Pat Toomey. « Il a formulé des allégations très, très graves, sans aucune preuve », a-t-il reconnu en ondes à CBS.
ROMNEY S’EN MÊLE
« Le président est dans son droit quand il demande un recomptage » des votes et « quand il appelle à une enquête sur des irrégularités présumées là où il y a des preuves », mais « il a tort de dire que l’élection a été truquée, corrompue et volée », a tweeté Mitt Romney. Le sénateur républicain de l’utah avait concédé la victoire à Barack Obama en 2012 sans en faire tout un spectacle.
Dans un élan de solidarité, les plus proches collaborateurs du président ont toutefois soutenu ses dires sans hésiter.
« Je peux vous dire que le président est en colère et je suis en colère, et les électeurs devraient être en colère », a déclaré le sénateur du Texas Ted Cruz à l’antenne de Fox News, chaîne d’information sympathique à l’administration Trump.
Ses deux fils, Eric et Donald Jr., ont aussi allègrement propagé de fausses informations sur la prétendue falsification de votes sur Twitter.
UNE PETITE GÊNE
Toutefois, la plupart des élus républicains ont gardé une certaine réserve pour ne pas risquer de s’aliéner celui qui sera président au moins jusqu’au 20 janvier prochain, et qui pourrait garder sur le mouvement conservateur une influence considérable même en cas de défaite.
Le leader du Sénat Mitch Mcconnell s’en est sorti en rappelant une évidence : « Chaque suffrage légal doit être compté. Tout bulletin soumis illégalement ne doit pas l’être. [...] Et les tribunaux sont là pour appliquer la loi et résoudre les différends ».