« Je suis absolument remplaçable », dit le maire
Régis Labeaume évoque qu’il pourrait ne pas se présenter aux élections dans un an
Pour la première fois depuis qu’il est à la tête de la Ville de Québec, Régis Labeaume a ouvert la porte à la possibilité de ne pas se porter candidat à la mairie dans un an.
« Je suis absolument remplaçable. Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables. Si je m’en vais, ça (Équipe Labeaume) ne se désintégrera pas », a assuré hier celui qui dirige la municipalité depuis presque 13 ans, dans une longue entrevue au Journal.
Le maire a mentionné qu’il ne prendra aucune décision avant la période des Fêtes. Il ne s’est toutefois pas donné de date butoir pour annoncer s’il sollicitera ou non un cinquième mandat.
« Toute l’organisation (d’équipe Labeaume) est en cours : les communications, le programme… La thématique est choisie. Les jeunes prennent ça en main. Tout est parti avec deux hypothèses : une hypothèse “Labeaume se présente” et une hypothèse “c’est quelqu’un d’autre qui est chef d’équipe Labeaume puis qui est appuyé par Labeaume” », a-t-il ajouté.
« LE GOÛT DU CHANGEMENT »
D’après lui, « les gens sont à la veille d’avoir le goût du changement. Les gens se lassent des politiciens et les politiciens se lassent de la politique aussi. On a peutêtre besoin d’un changement de ton. À un moment donné, ça va arriver. Je ne sais pas si c’est maintenant ou plus tard. »
Le maire a soigneusement évité d’avancer publiquement des noms pour d’éventuels successeurs. Il a toutefois convenu qu’il discute actuellement avec de potentiels candidats à la mairie et aux postes de conseillers municipaux.
Le 31 août dernier, lorsqu’il a été question de son avenir politique, Régis Labeaume a avancé « qu’olga Farman, Julie Lemieux et Dominique Brown ont tout ce qu’il faut pour être maire de Québec, s’ils le décidaient un jour ».
Chose certaine, Équipe Labeaume devra changer de nom si jamais sa figure emblématique décidait de passer le flambeau. « Mais tout le monde qui est là, à part ceux qui arrêtent de faire de la politique, reste », a insisté le maire.
D’après M. Labeaume, « si je m’en vais, l’équipe va rester. Je sais qui s’en va puis qui reste […] C’est quelquesuns (qui partent) et ça nous permet en même temps de nous renouveler. C’est bien parfait. »
La parité hommes-femmes et le rajeunissement des troupes demeurent importants à ses yeux.
SES MOTIVATIONS
Interrogé à savoir ce qui motivera sa décision, Régis Labeaume, qui s’est récemment battu contre un cancer de la prostate, a spontanément évoqué son état de santé.
« Ça s’améliore de mois en mois, a-t-il avancé. Là, ça va bien. Mais dans un an, je vais être rendu comment ? La COVID n’est pas un moment pour prendre des décisions. Je veux avoir les idées bien claires et je veux prendre une décision lucidement. »
Son autre motivation est de s’assurer que le projet de réseau structurant de transport soit bien avancé.
« Je ne peux pas m’en aller tant que ce n’est pas réglé. Si je pars, il faut que j’aie le sentiment très sûr que “there is no way out” (“il n’y a plus de retour en arrière possible”). Je n’ai pas ce sentiment en ce moment. »
D’après lui, « il y a un problème : eux autres (le gouvernement du Québec) (c’est) le troisième lien. Et moi, le tramway. Moi, je suis prêt. »
BARRER LA PORTE AUX « PATRONEUX »
Dans la même veine, le maire a dit vouloir barrer la porte aux « patroneux de Québec qui se cherchent un candidat comme ils en ont cherché un la dernière fois. Ils voient les 3 milliards $ de contrats. »
Invité à préciser sa pensée, il a soutenu « que les patroneux sont ceux qui font du patronage. Ils amènent de la corruption. Dans les Villes, il y a toujours une gang qui cherche à avoir un candidat sous influence pour avoir les deux mains dans le plat de bonbons. C’est du monde qui veut distribuer des contrats. Ça, ça amène de la corruption dans une Ville. La Ville de Québec est propre. Elle est immaculée. »
« IL Y A DES JOURS QUE JE
TRIPE COMME UN FOU SUR
LA JOB. IL Y A DES JOURS,
ÇA M’ÉCOEURE. »
– Régis Labeaume, maire de Québec