Legault et le blues du plateau
Tout est figé. Le premier ministre essaie de lancer des messages d’espoir pour que les Québécois gardent le moral, mais il ne faut pas s’attendre à un réel assouplissement des mesures de reconfinement d’ici la fin du mois.
Malgré le premier défi de 28 jours, et son prolongement annoncé le 26 octobre, il semble que le Québec soit condamné à demeurer sur un plateau d’environ 1000 nouveaux cas de COVID par jour.
Pourtant, les salles à manger sont fermées, tout comme les bars, les gyms, les cinémas et salles de spectacle. Et tous les rassemblements sont interdits.
Il y a des améliorations, surtout dans la Capitale-nationale. Mais, en dépit de la recommandation de la direction de la Santé publique de Montréal, qui propose de jeter du lest, et malgré que François Legault fera le point lundi, deux semaines après avoir demandé un effort de 28 jours supplémentaires, les mesures dites « de zone rouge » seront maintenues.
De source gouvernementale sûre, rien ne devrait bouger vraiment avant la fin du mois, même à Québec.
Les autorités veulent observer une stabilité à la baisse pendant au moins deux semaines consécutives avant d’envisager quoi que ce soit.
La pire crainte du gouvernement Legault ? De rouvrir certains secteurs et d’être contraint ensuite de les refermer à l’approche de Noël.
Dans une lettre publiée aujourd’hui, le premier ministre insiste sur son objectif de permettre un minimum de rassemblement pour les Fêtes. « Les enfants ont besoin comme nous d’une certaine normalité mêlée de magie », écrit-il.
SUR LES NERFS
Mais, pour l’instant, le « coussin » n’est pas assez important. Et même si l’on essaie tant bien que mal de s’y habituer, les membres de l’équipe gouvernementale restent nerveux. « On est tous sur les nerfs », confie l’un d’eux. La peur de voir les choses se détériorer comme dans de nombreux pays d’europe subsiste.
Le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, lui, a difficilement encaissé les critiques qui se sont multipliées, après avoir été porté aux nues au printemps. Il a repris une erre d’aller, dit-on, notamment en raison de la grande place occupée par Christian Dubé.
Malgré les quelques menaces de défiance des consignes, de certains propriétaires de gyms et de restaurants, les caquistes sont soulagés de constater que la paix sociale est maintenue. « On s’attendait à ce que ce soit beaucoup plus difficile. »
LES AVIS DE LA SANTÉ PUBLIQUE
Ce qui courrouce les apparatchiks, ce sont les demandes répétées pour que les avis ayant mené aux prises de décision soient publiés.
Elles risquent pourtant de s’accentuer, le Dr Arruda ayant lâché jeudi que « des écrits existent », alors que M. Legault a toujours soutenu qu’il n’y a rien à rendre public parce que les décisions sont prises après des échanges verbaux.
Il existe des documents de travail, des Powerpoint, « mais ce sont des
bases de discussion », insiste notre source, concernant le processus décisionnel. Ensuite, « on challenge des chapitres, on se questionne. »
Par exemple, des opinions contradictoires ont été émises dans le war room quant à la possibilité de rouvrir les restaurants. Mais l’équipe craint que le leadership du gouvernement et la solidarité recherchée chez les Québécois s’effritent si elles étaient divulguées. On préfère arriver à un consensus qui permet d’exposer une position cohérente.
Toute l’attention étant concentrée sur la gestion de la pandémie, François Legault reporterait encore le véritable remaniement que plusieurs espèrent dans ses rangs. À moins d’une spectaculaire diminution de la COVID, il n’est plus envisagé de changer l’équipe en début d’année. Le nouvel élan attendra que l’essentiel de la pandémie soit derrière nous. Au mieux, à la fin du printemps. Mais peut-être même l’automne prochain, pour la dernière année du mandat.