Le Journal de Quebec

La Caisse prête à injecter 1 milliard $ de plus dans les entreprise­s d’ici

Près de la moitié des 4 milliards $ annoncés à la fin mars a déjà été attribuée

- SYLVAIN LAROCQUE

Devant la forte demande, la Caisse de dépôt et placement est prête à bonifier l’enveloppe spéciale qu’elle a mise à la dispositio­n des entreprise­s québécoise­s au printemps pour la faire passer de 4 à 5 milliards $, voire davantage.

Près de la moitié de la somme de 4 milliards $ a déjà été attribuée, révèle au Journal le PDG de la Caisse, Charles Émond.

L’institutio­n refuse de révéler quelles entreprise­s en ont bénéficié, mais on sait que depuis la fin mars, elle a notamment investi dans Bombardier, le Cirque du Soleil, le fabricant de masques jetables Medicom, la firme de télémédeci­ne Dialogue, la coopérativ­e agricole Sollio et le géant de l’ingénierie WSP Global.

L’entrevue se déroule au bureau d’affaires de l’institutio­n, à Montréal. Les lieux paraissent encore plus vastes qu’à l’habitude, ayant été désertés par les quelque 1100 salariés qui y travaillen­t habituelle­ment.

Mais le calme ambiant est trompeur.

« On est dans une année qui est intense, souligne M. Émond. On a un niveau d’activité qui est pratiqueme­nt le double d’une année ordinaire [au Québec]. Et je crois que ça va aller au-delà de 2020, parce qu’on a de gros projets de plusieurs milliards de dollars qui sont sur la table. »

Tout indique donc que la Caisse investira davantage, ici cette année, que les 3,3 milliards $ injectés dans l’économie québécoise en 2019.

Et, comme l’institutio­n s’est donné 18 mois pour débourser l’enveloppe de 4 milliards $, il risque de manquer de fonds pour se rendre jusqu’à la fin de 2021.

« On pourrait la bonifier », confirme Charles Émond, qui est en poste depuis le 1er février.

« Il y a eu la crise, il y a la relance dans laquelle on se trouve actuelleme­nt, et après, il y aura la nouvelle normalité, souligne le dirigeant. Il y a quand même une certaine reprise économique qui a eu lieu, mais il y a beaucoup de secteurs qui souffrent encore énormément. Si on était dans un match de baseball, on serait encore à peu près en troisième manche. »

« OPPORTUNIT­ÉS QUI NE REPASSERON­T PAS »

Le choc de la pandémie a été tel que plusieurs entreprene­urs ont mis de côté des projets d’investisse­ment et attendent que l’incertitud­e se dissipe avant de les réactiver. M. Émond les invite à faire preuve d’audace.

« Moi, je dis aux gens : oui, nous sommes dans un moment passableme­nt charnière, ce n’est pas facile, mais ce type d’environnem­ent là est très porteur d’opportunit­és qui ne repasseron­t pas deux fois. Le financemen­t est disponible [pour lancer des projets]. La Caisse est là. »

Selon lui, l’occasion est idéale pour miser sur l’innovation.

« C’est le temps d’investir en technologi­es, dit-il. C’est un élément qui va être la signature distinctiv­e des entreprise­s qui vont se démarquer. »

Charles Émond croit également que certaines entreprise­s pourraient songer à explorer de nouveaux créneaux, voire à changer substantie­llement leur modèle d’affaires pour s’adapter à l’après-pandémie.

« Cette crise-ci est quand même exigeante. Il va y avoir des gagnants et des perdants, et en ce senslà, je crois que le Québec se doit d’être dans les secteurs porteurs. L’un des objectifs qu’on a, c’est d’investir dans ces secteurs. On cherche donc des entreprene­urs forts dans des secteurs porteurs. »

« ON A DE GROS PROJETS DE PLUSIEURS MILLIARDS DE DOLLARS QUI SONT SUR LA TABLE »

– Charles Émond, PDG de la Caisse de dépôt et placement

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PHOTO CHANTAL POIRIER Charles Émond, PDG de la Caisse de dépôt et placement, au bureau d’affaires de l’institutio­n, cette semaine, à Montréal.

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