Le pari de 250 M$ d’un entrepreneur
Le PDG de Cabico investit 17 M$ en pleine pandémie
Un patron de PME de meubles sur mesure, qui a réhypothéqué sa maison pour réussir à racheter l’entreprise des Américains, vise un chiffre d’affaires de 250 millions de dollars malgré la pandémie.
« Je n’étais pas riche. Quand j’ai acheté l’entreprise Cabico, ma femme et moi, j’avais 50 ans, on a tout remis sur la table. On a réhypothéqué la maison. On a mis toutes nos économies. Sans la Banque de développement du Canada (BDC), Desjardins et le Fonds de solidarité FTQ, je n’aurais pas pu faire ça », confie au
Journal Alain Ouzilleau, grand patron de Cabico.
Fondé en 1986 en Estrie par Marc Roy, le fabricant d’armoires sur mesure haut de gamme est passé aux mains d’intérêts américains en 2001, avant de redevenir québécois en 2011, après des années de négociations intenses.
« À cette époque-là, je me rendais compte que nos propriétaires étaient devenus quasiment une menace pour l’entreprise parce qu’ils ne nous aidaient pas du tout financièrement », poursuit l’ingénieur de formation de 60 ans, qui en a été le président avant de procéder à son rachat.
COUP DE MASSUE
Aujourd’hui, sa PME flirte avec un chiffre d’affaires de 100 millions $ par année. Le fabricant a fait une bouchée de l’ontarienne Elmwood, il y a quatre ans. Son usine de Coaticook de 350 travailleurs roule à plein régime.
Même la pandémie n’a pas réussi à venir à bout de ses ambitions. Plus de 17 millions $ sont investis pour moderniser son usine de Coaticook. À ce rythme, Cabico espère atteindre des ventes de 250 millions $ d’ici cinq ans.
« On a eu le coup de massue en pleine face à la mi-mars, quand le premier ministre François Legault nous a obligés à fermer nos entreprises », admet cependant Alain Ouzilleau, quand on lui demande si la pandémie l’a sonné.
Sans détour, le dirigeant avoue avoir été pris de court. Après avoir réussi le tour de force de racheter la PME, d’éteindre les braises d’un incendie qui a ravagé 35 % de l’usine, il y a cinq ans, et de sortir de la crise financière de 2008, il ne s’attendait pas à devoir être forcé à fermer... pour un virus.
« Quand le gouvernement nous a obligés à fermer les opérations, je n’ai pas trouvé ça drôle, laisse tomber le patron de Cabico. On n’a pas paniqué. On s’est mis en mode très prudent. On a réduit nos salaires, mon équipe et moi. On a avancé l’argent à nos employés. »
Du jour au lendemain, Alain Ouzilleau s’est débattu comme un diable dans l’eau bénite. Il a pu prouver rapidement au gouvernement que Cabico avait de nombreux clients considérés comme étant des services essentiels.
« On a quand même perdu huit semaines de production », souligne le patron de la PME, qui n’a eu aucun cas de COVID-19 à son usine de Coaticook.
LES CLIENTS AU RENDEZ-VOUS
Malgré la crise, Alain Ouzilleau est optimiste. Les clients sont au rendez-vous.
« Les gens regardent leurs vieilles armoires, ils ne peuvent plus mettre leur argent dans leurs voyages, alors ils rénovent leur maison », ajoute-t-il.
« Moi, ce qui m’empêche de dormir le soir, ce n’est pas si on ne fait pas de profits ou moins de profits, mais si nos employés ne sont pas heureux », conclut celui qui a dirigé plusieurs entreprises avant de concrétiser le rêve de diriger la sienne.
Plus de 17 millions $ (6 M$ dans le bâtiment et 11 M$ dans la techno) sont investis dans la modernisation technologique de l’usine de Cabico de Coaticook, ce qui permettra d’agrandir l’installation de 52 000 pieds carrés, pour une superficie totale de 200 000 pieds carrés. Cabico possède aussi une usine de 180 000 pieds carrés à Saint Catharines, en Ontario.