La désinformation gérée différemment sur le web
Le géant Youtube ne semble pas faire preuve de la même sévérité
NEW YORK | (AFP) Comme l’avaient anticipé de nombreux observateurs, des messages fallacieux et des appels à la violence pullulent sur les grandes plateformes numériques depuis l’élection présidentielle américaine.
Pour y faire face, les méthodes de Facebook, Twitter et Youtube diffèrent.
Les deux premiers ont été prompts à apposer des avertissements ou à supprimer des publications mensongères, notamment les affirmations sans preuve du président Donald Trump et de ses partisans selon lesquelles des fraudes à grande échelle avaient lieu dans les États-clés.
Les fils d’actualité du milliardaire républicain sur les deux réseaux sociaux sont désormais parsemés de vignettes mettant en garde sur la véracité des contenus.
Selon Daniel Kreiss, chercheur au Centre pour l’information, la technologie et la vie publique de l’université de Caroline du Nord, « Facebook et Twitter avaient une stratégie claire pour surveiller certains comptes » et s’étaient préparés à sévir à la moindre infraction.
VIDÉOS TROMPEUSES
Ce qui n’a pas été le cas de YouTube, note l’universitaire.
Media Matters, un groupe de surveillance des médias, a établi une liste de vidéos trompeuses ayant circulé sur la plateforme vidéo de Google. Elles ont été visionnées plus d’un million de fois au total cette semaine et certaines d’entre elles sont toujours en ligne.
« Les vidéos Youtube encourageant la désinformation sur les résultats de l’élection présidentielle de 2020 ont enregistré un nombre élevé de vues malgré la politique de la plateforme interdisant les contenus qui visent à tromper les gens sur le processus électoral », a écrit jeudi Alex Kaplan sur le blogue de Media Matters.
L’analyste cite notamment de fausses allégations de l’animateur conservateur Steven Crowder ou de la télévision d’extrême droite One America News Network.
Youtube n’a cependant pas entièrement chômé, retirant certains contenus problématiques, dont un épisode de la chaîne de Steve Bannon, dans lequel cet ex-conseiller de Donald Trump appelait à mettre sur des pics les têtes du docteur Anthony Fauci et du patron du FBI Christopher Wray ( voir texte de droite).
Twitter est toutefois allé plus loin en supprimant définitivement le compte de l’émission de M. Bannon.
YOUTUBE À LA TRAÎNE ?
De manière générale, Youtube ne semble pas faire preuve de la même sévérité ni de la même réactivité que les principaux réseaux sociaux dans ses efforts de modération.
« Le problème avec les vidéos, en particulier les vidéos en direct, est qu’il est difficile pour l’intelligence artificielle (IA) de détecter un problème », note Adam Chiara, professeur de communication à l’université de Hartford.
« Pour le texte ou les photos, L’IA peut chercher des mots-clés ou dupliquer des images. Ce n’est pas aussi simple avec la vidéo », ajoute le spécialiste.
Cela pourrait expliquer pourquoi d’autres plateformes de partage de vidéos ont été inondées par des tentatives de désinformation.