Le Journal de Quebec

Un constat d’échec

L’ancien choix de première ronde du Canadien David Fischer revient sur son passé « Pour être honnête, cela fait plusieurs années que je ne réponds pas aux journalist­es de Montréal qui me contactent pour parler de ça. C’est très difficile pour moi de parle

- ANTHONY MARTINEAU

Juin 2006, alors que la relève du Canadien est plus ou moins encouragea­nte à la ligne bleue, le directeur général de l’époque, Bob Gainey, monte sur l’estrade du Rogers Arena de Vancouver dans le cadre de la séance de sélection de la Ligue nationale de hockey (LNH). Avec son tout premier choix, la 20e sélection de l’encan, le patron du CH jette son dévolu sur un arrière nommé David Fischer.

Le grand défenseur droitier se démarque par la fluidité de son coup de patin et vient de connaître deux excellente­s saisons dans la United States High School League (USHL) au Minnesota. À ses 56 derniers matchs dans cette ligue, il compte 77 points. Plus de 14 ans plus tard, on connaît la suite. David Fischer n’a pas disputé un seul match dans la LNH. Et le repêchage de 2006 est encore aujourd’hui considéré comme l’un des pires de l’histoire du Canadien. Un vieil adage dit que « le temps arrange les choses ».

Pour Fisher, toutefois, la plaie est encore bien vive. Même après toutes ces années, le défenseur peine à replonger dans les souvenirs qui sont liés à la période où il croyait pouvoir réaliser son rêve.

PAS VRAIMENT UNE SURPRISE

Fischer venait donc de connaître deux excellente­s saisons avant d’être sélectionn­é en première ronde. Mais s’attendait-il vraiment à sortir aussi haut ?

« J’entendais beaucoup de choses à gauche et à droite, mais selon ce que mon agent me disait, à l’époque, il y avait de fortes chances que je devienne un choix de première ronde, se souvient-il. J’en étais assez convaincu pour me rendre à Vancouver! J’ai finalement eu l’honneur d’être sélectionn­é par le Canadien au 20e rang. »

« Je crois que Montréal m’a repêché en sachant que j’étais davantage un projet à long terme qu’un coup de circuit. Je n’étais pas assez mature physiqueme­nt pour faire le saut dans la LNH directemen­t. Les membres de l’équipe de direction m’ont mentionné qu’ils aimaient mes habiletés sur la patinoire, mais qu’ils étaient conscients que j’aurais besoin de temps pour atteindre mon plein rendement. »

« J’Y AI TELLEMENT PENSÉ »

Comme prévu, le CH laisse beaucoup de temps à Fischer pour qu’il atteigne le niveau tant espéré par l’équipe. Mais en vain.

L’année suivant son repêchage, le défenseur choisit d’emprunter la voie de l’université américaine (NCAA) pour la poursuite de son développem­ent. Ses quatre saisons passées à l’université du Minnesota ne sont toutefois pas concluante­s. Déjà, les grands patrons du CH doivent se résigner : David Fischer n’est pas le défenseur efficace tant espéré. Ils choisissen­t de ne pas lui offrir de contrat et coupent donc les ponts avec l’arrière américain.

« J’y ai tellement pensé, depuis 2010... J’ai tellement cherché la réponse, indique Fischer. Ce n’est pas une chose à laquelle il est agréable de penser. C’est l’un des plus gros échecs de ma vie. Mais je crois que mon rendez-vous manqué avec le CH s’explique par une combinaiso­n de plusieurs facteurs. »

« Je ne crois pas, en toute honnêteté, avoir travaillé assez fort pour m’assurer d’un jour atteindre le niveau de jeu que les dirigeants du Canadien espéraient. Mon choix de me joindre à l’université du Minnesota n’a pas non plus été très judicieux, quand j’y repense. Je n’ai pas maximisé mon temps là-bas. Je ne pensais pas seulement au hockey. L’université est remplie de distractio­ns. »

PRENDRE LE BLÂME

Fischer ne cherche aucun autre coupable que lui-même, mais il rappelle néanmoins certaines circonstan­ces hors de son contrôle.

« Je crois que les changement­s à la direction du CH ont peut-être joué contre moi (Pierre Gauthier a remplacé Bob Gainey en tant que directeur général du Canadien en 2010). Les nouveaux patrons se sont dit quelque chose comme : “ce gars n’est pas notre choix. Laissons-le partir et lavonsnous les mains de ce dossier”. »

« En fin de compte, je prends la totalité du blâme, conclut-il. Je n’ai pas mis suffisamme­nt d’efforts pour faire ma place dans la grande ligue. »

 ?? PHOTO AFP ?? Choix de première ronde en 2006, David Fischer n’a jamais porté le chandail du Canadien dans un match de saison régulière.
PHOTO AFP Choix de première ronde en 2006, David Fischer n’a jamais porté le chandail du Canadien dans un match de saison régulière.

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