Le Journal de Quebec

POUR QUE VOTRE GÉNÉROSITÉ SE PERPÉTUE

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Les dons que nous versons chaque mois ou chaque année à des causes auxquelles nous sommes sensibles sont cruciaux. Ils permettent aux organismes de concrétise­r leur mission et de financer leurs activités à court et à moyen terme. Mais plusieurs d’entre nous rêvent d’en faire plus en versant une somme substantie­lle qui pourrait faire une différence encore plus grande. On pourrait croire qu’il s’agit d’un geste que seuls les plus fortunés de ce monde peuvent faire. Et pourtant, grâce aux dons planifiés, ce projet est beaucoup plus accessible qu’on ne le croit.

Un projet philanthro­pique

Qu’est-ce qu’un don planifié ? « C’est un don qu’on mûrit, un geste réfléchi. Comme son nom l’indique, c’est un projet philanthro­pique qu’on prend le temps de planifier et qui tient compte du contexte personnel, familial et fiscal du donateur, pose d’emblée madame Catherine Huard, directrice des dons majeurs et planifiés, à la Fondation Michel-sarrazin. Le don peut être prévu au décès. Par exemple, il peut s’agir d’un don par testament ou par police d’assurance vie. Il peut aussi être fait du vivant, entre autres par le transfert d’actions. Compte tenu de sa nature, on doit se faire accompagne­r par un profession­nel, tel un notaire, un planificat­eur financier ou un conseiller en sécurité financière pour être bien conseillé. » Mais un don planifié, c’est aussi et surtout un geste du coeur. C’est ajouter une dimension de solidarité à son héritage. C’est aussi une façon de témoigner de sa gratitude envers un organisme et sa mission.

Le don encouragé par les crédits d’impôt

Pour bien planifier son projet, il faut garder en tête que les dons versés à un organisme de bienfaisan­ce enregistré, qu’ils soient planifiés ou non, donnent droit à un reçu officiel de don qui, à son tour, permet d’obtenir un crédit d’impôt. Autrement dit, le reçu officiel de don vient réduire ou éliminer l’impôt à payer par le donateur. Au Québec, le crédit d’impôt est de 35 % sur les premiers 200 $ de dons et de 48,22 % à 53,31 % pour chaque dollar supplément­aire donné. Retenons que pour chaque dollar donné, on en récupère environ la moitié sous forme de crédit d’impôt.

Une avenue de plus en plus connue

Avec le don planifié, on contribue à assurer la pérennité d’un organisme. Le don annuel concourt pour sa part à le soutenir maintenant. « Les deux façons de faire sont importante­s, rappelle madame Huard. L’un n’empêche pas l’autre. Au contraire, selon une étude de Russel James, professeur au Départemen­t de planificat­ion financière à la Texas Tech University, les gens qui prévoient des dons dans leur testament sont nombreux à donner généreusem­ent annuelleme­nt à leur cause préférée. C’est dans la même logique : je soutiens maintenant et je continuera­i quand je vais partir. »

Donner par testament : un héritage inestimabl­e

Madame Huard rapporte que 9 personnes sur 10 qui choisissen­t de faire un don planifié optent pour un don dans leur testament. « C’est une façon de faire qui est simple et qui permet aux gens de conserver leurs actifs de leur vivant. C’est un moyen accessible de donner des sommes souvent substantie­lles, bien sûr, mais c’est aussi une belle façon de donner du sens à son patrimoine. » On peut donner un pourcentag­e de la valeur de notre succession ou une somme précise. On peut aussi donner des biens, comme une maison, un chalet ou des oeuvres d’art. On parle alors de dons en nature. Pour tous les dons prévus au testament, c’est la succession qui recevra le reçu officiel. La plupart des organisati­ons caritative­s sont heureuses d’être informées des dons futurs qui leur sont destinés. Pourquoi ? Parce que c’est un geste important, pour lequel elles sont très reconnaiss­antes. « Parler dès maintenant de son désir d’offrir un soutien substantie­l plus tard permet d’échanger avec la fondation sur l’utilisatio­n des sommes et les impacts souhaités, en plus d’ouvrir la discussion sur les types de dons possibles et de se renseigner sur la manière dont les sommes seront gérées, explique madame Huard. Pour l’organisati­on, c’est aussi la chance de pouvoir remercier le donateur de son vivant. »

Don de titres boursiers: un avantage fiscal qui permet de donner plus !

Il est possible de donner des actions cotées en bourse. « C’est une planificat­ion toute simple et très avantageus­e fiscalemen­t pour les donateurs qui ont des actions cotées en bourse ayant pris de la valeur, car le gain en capital ne sera pas imposé, précise Catherine Huard. Attention, pour bénéficier de cet avantage fiscal, le donateur ne doit pas vendre les actions, mais bien les transférer à l’organisme. » Le principe est simple. Supposons que vous avez acheté une action 2 $ il y a 10 ans et qu’aujourd’hui, la même action vaut 10 $. Votre gain en capital sera de 8 $. Au moment de la vente, vous devrez payer de l’impôt de 50 % sur le gain en capital. Au taux d’imposition de 50 %, vous aurez payé 2 $ d’impôt sur chaque action vendue. Toutefois, si vous transférez la même action à un organisme caritatif, vous ferez un don de 10 $ à la cause tout en évitant les 2 $ d’impôt sur le gain en capital et en profitant d’un crédit d’impôt de près de 50 % de la valeur de votre don.

Don de police d’assurance vie : pour un don significat­if accessible

Soutenir une cause en offrant un montant substantie­l sans disposer d’une fortune personnell­e imposante ? C’est possible. Une police d’assurance vie peut constituer un formidable levier pour concrétise­r un rêve philanthro­pique. Il existe trois façons de donner par l’entremise d’une police d’assurance :

- Contracter une nouvelle police d’assurance et en transférer la propriété à l’organisme que l’on souhaite appuyer. « L’organisme devient alors le propriétai­re et le bénéficiai­re de la police, explique madame Huard. Le donateur, pour sa part, continuera d’en payer la prime annuelle pour laquelle il obtiendra un reçu officiel de don de l’organisme. Ce reçu lui permet, en quelque sorte, de réduire de moitié le coût réel de la prime. »

- Utiliser une police d’assurance vie existante et

désigner l’organisati­on comme bénéficiai­re. Ici, l’avantage fiscal survient au décès : « L’organisme donne le reçu officiel de don à la succession lors

du versement du capital décès, ce qui permet d’alléger l’impôt qu’elle aura à payer », précise madame Huard.

- Transférer une police existante à l’organisati­on. « C’est très intéressan­t pour les gens qui paient une police depuis longtemps et qui se demandent en quelque sorte pourquoi ils continuent de la payer, explique madame Huard. Vous pourriez choisir de désigner une fondation comme propriétai­re et bénéficiai­re de votre police et obtenir un reçu officiel de don d’une valeur intéressan­te. C’est une avenue qui vaut la peine d’être explorée lorsque le capital décès est important. »

REER et FERR : limiter l’impôt tout en aidant

Peu de gens savent qu’il est possible de donner des REER et des FERR à un organisme de charité. « C’est une solution intéressan­te, par exemple, pour les donateurs qui n’ont pas besoin de ces sommes parce qu’ils ont un revenu de retraite suffisant pour subvenir à leurs besoins. Puisque les retraits du FERR sont obligatoir­es, en les donnant, le donateur obtient un reçu officiel de don qui lui permet de réduire son impôt à payer, » dit Catherine Huard.

Le fonds de dotation, pour faire durer son soutien

On entend souvent que des personnes ou des familles ont créé un fonds de dotation pour soutenir une cause. « Ces fonds sont créés à même la fondation au nom du donateur ou de sa famille, explique madame Huard. Pour l’organisati­on, c’est un moyen d’assurer sa pérennité. L’argent reçu est placé. L’organisati­on n’y touche pas ou très peu. Les sommes génèrent des intérêts qui servent à soutenir la cause annuelleme­nt. Pour le donateur, c’est un moyen de laisser une empreinte pratiqueme­nt éternelle dans sa communauté tout en s’assurant que la cause continuera d’être appuyée. » D’où proviennen­t les sommes qu’on y verse ? De tous ces moyens. Certains font une promesse de don par testament ou offrent une police d’assurance vie et demandent que les sommes soient versées dans le fonds qu’ils ont créé. « C’est un projet pour ces personnes, observe Catherine Huard. Elles créent un fonds de dotation pour honorer la mémoire d’une personne qui leur est chère ou pour mobiliser la famille. Des parents qui vieillisse­nt et qui encouragen­t leurs enfants à contribuer chaque année. Certains commencent même à impliquer les petits-enfants pour les sensibilis­er à la cause. C’est une belle façon de transmettr­e des valeurs d’entraide et de renforcer, socialemen­t, notre culture philanthro­pie. C’est un modèle parfait ! »

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Madame Catherine Huard, directrice des dons majeurs et planifiés à la Fondation de la Maison Michel-sarrazin.
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On pourrait croire que seuls les plus fortunés de ce monde peuvent soutenir des causes qui leur sont chères en versant des sommes importante­s. Pourtant, grâce aux dons planifiés, ce projet est beaucoup plus accessible qu’on le croit.

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