Un départ chaotique à prévoir
La période de transition entre Donald Trump et Joe Biden risque d’être « extrêmement difficile »
Les Américains ont finalement montré la porte de la MaisonBlanche hier à Donald Trump, mais la passation des pouvoirs ne se fera pas sans peine, préviennent des experts.
« Il n’aura plus aucun pouvoir le 21 janvier. Il va quitter la Maison-blanche, point à la ligne, prévient Rafael Jacob, chercheur associé à l’observatoire sur les États-unis de la Chaire Raoul-dandurand de L’UQAM. La seule chose qui reste à déterminer est le comportement qu’il va décider d’adopter d’ici là. »
Trump n’avait toujours pas concédé hier soir la victoire à l’ancien vice-président sous Barack Obama, Joe Biden, une première dans l’histoire du pays.
« C’est pour cette raison que c’est si horrible, lance M. Jacob. C’est un viol complètement fondamental de ce qui a toujours été fait aux États-unis. »
« S’il ne concède pas la victoire à Joe Biden, surtout après une élection aussi polarisante, il renonce à son rôle de fédérer la nation qu’il a dirigée pendant les quatre dernières années », estime son collègue Christophe Cloutier-roy.
Si le cirque de Donald Trump pliera bagage le 20 janvier, jour de l’investiture du nouveau président, les Américains ne sont peut-être pas au bout de leurs peines.
DES POURSUITES
Le clan Trump a multiplié les recours judiciaires dans les derniers jours et a promis de déposer une autre série de poursuites dès demain. Mais pour l’instant, « ça ne donne pas grand-chose », résume M. Cloutier-roy.
Trois tribunaux dans les États clés ont déjà rejeté les accusations de fraudes électorales puisqu’aucune preuve n’a été présentée.
Et même s’il a obtenu plus de 70 millions de votes, le plus haut total de l’histoire pour un président sortant, « la victoire de Biden est assez claire en termes d’états gagnés. Il sera difficile de convaincre les juges qu’il y a eu des irrégularités dans les élections », précise M. Cloutier-roy.
« Mais Trump étant Trump, il ne veut pas perdre la face », poursuit-il.
«YOU’REFIRED !»
Même après s’être fait dire « You’re
fired ! (Vous êtes congédié !) » comme le clamait jadis l’ex-magnat de l’immobilier aux participants de son émission de téléréalité The Apprentice, il en a rajouté.
« J’ai gagné cette élection, et de loin », a d’ailleurs écrit le président sortant parmi une rafale de messages sur Twitter en direct de son club de golf de Sterling, en Virginie, où il a été aperçu sur les verts en matinée hier.
« On va l’entendre hurler sur Twitter jour et nuit pendant les dix prochaines semaines. Et lorsqu’il aura quitté la Maison-blanche, je ne pense pas qu’on aura fini de le voir. Il continuera de prétendre que l’élection a été truquée », signale M. Cloutier-roy.
AIDER SES AMIS
D’ici son départ, les experts font valoir qu’il n’est pas impossible qu’il offre la grâce présidentielle à ses proches collaborateurs accusés ou pointés dans l’enquête du procureur Robert Mueller sur les allégations de collusion entre l’équipe de Trump et la Russie.
« Il pourrait même se gracier lui-même sous prétexte que les futures poursuites contre lui sont partisanes », ajoute M. Cloutier-roy.
En 1947, le Congrès a adopté l’amendement fixant à deux le nombre de mandats que peut exercer un président. Trump est le quatrième qui a échoué à obtenir aux urnes un second mandat.