Le message économique de Trump a passé
Le milliardaire républicain a réussi, malgré la défaite, à faire mentir les sondages réalisés aux États-unis
Si Donald Trump a réussi à rallier plus de 70 millions d’américains malgré la défaite, c’est qu’il a été « très habile » pour attirer une part de l’électorat qui se sent délaissée et pour qui le président sortant « représentait une forme de sécurité ».
Le milliardaire républicain et futur exlocataire de la Maison-blanche n’aurait pas dû être dans la course pour obtenir un deuxième mandat, selon les très nombreux sondages publiés durant la campagne.
Le site d’agrégation de sondages et de prédictions électorales Fivethirtyeight prédisait même des victoires éclatantes à Joe Biden dans plusieurs États clés.
■ En Pennsylvanie, la moyenne des sondages nationaux et de l’état donnait Biden gagnant par 7,3 % le 11 octobre.
■ La veille de l’élection, le leader démocrate détenait une avance de 7,9 % sur son rival républicain au Michigan.
■ Et l’avance du nouveau président des États-unis était de 8,6 % au Wisconsin à la fin du mois d’octobre, toujours selon le site Fivethirtyeight.
La Pennsylvanie et le Wisconsin ont été gagnés de justesse par Biden. Hier après-midi, son avance dans ces États était de 0,5 % et 0,6 % respectivement. Le Michigan a viré au bleu, mais par une marge plus confortable de 2,6 %. Le candidat démocrate avait récolté pour sa part plus de 74 millions de vote, en date d’hier soir.
« On a un président républicain qui est très habile pour cibler et aller chercher sa clientèle. Et il a été efficace, c’est indéniable », résume Élisabeth Vallet, spécialiste de politique américaine et directrice de l’observatoire de géopolitique de la Chaire
Raoul-dandurand, de l’université du Québec à Montréal.
Et sa clientèle, Donald Trump l’a gagnée particulièrement chez certains groupes de travailleurs américains, pour qui l’économie était un facteur important dans le choix de leur candidat.
« Au sortir des bureaux de vote, une des préoccupations qui prédominaient, particulièrement pour ceux qui ont voté républicain, c’était l’économie », rappelle Mme Vallet.
L’ALENA
Le Michigan, par exemple, avec ses travailleurs de l’industrie automobile, n’a pas oublié la renégociation de l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA) par Trump.
La nouvelle entente (l’accord Canada– États-unis–mexique), entrée en vigueur l’été dernier, permettra d’assurer les emplois bien rémunérés.
« Trump est allé chercher des gens dont le quotidien s’était peut-être amélioré ou d’autres qui s’imaginaient que leur quotidien allait s’améliorer. Et lorsqu’on est en période de crise, c’est rare qu’on fasse le choix de l’inconnu. Or, Trump avait réussi à travers ses mots à définir Biden comme un inconnu », précise Mme Vallet.
UN « HOMME DU PEUPLE »
Décrivant Donald Trump comme un homme ayant une « maîtrise du slogan absolument incroyable », l’experte en politique américaine estime qu’il a réussi à « faire sortir un vote qui ne sortait pas d’habitude ».
« Il a réussi à se faire passer pour un homme du peuple, ce qu’est Biden initialement. Puis, il a réussi à le faire passer pour une élite. »
« [Trump] représente une forme de sécurité. Biden représentait une forme d’inconnu parce qu’on l’a moins vu sur le terrain ».