La sécurité des travailleurs doit être priorisée, insiste l’accidenté
Toujours cloué à son lit d’hôpital un mois et demi après l’accident qui lui a coûté une jambe, Pierre-luc Morin plaide pour une plus grande sécurité des travailleurs et signaleurs sur les chantiers de construction.
« Il faut que ça change, lance-t-il sans détour, atterré. Je me suis fait voler ma jambe et mon autonomie. Je ne suis ni capable d’aller aux toilettes tout seul ni de rien faire. Je suis toujours couché dans un lit. »
L’homme de 34 ans souhaite que le ministère des Transports du Québec (MTQ) fournisse davantage de surveillance policière aux abords des chantiers situés sur les routes et autoroutes de la province.
« La Ville de Montréal, quand elle fait des travaux d’asphalte, elle paie des policiers à temps et demi pour faire la circulation, compare-t-il. Mais le MTQ, lui, ne l’exige pas tout le temps. Notre sécurité est compromise. »
M. Morin croit par ailleurs que la mentalité des automobilistes doit indubitablement changer pour diminuer le nombre d’accidents graves ou même mortels.
DES CENTAINES DE BLESSÉS
De 2016 à 2019, 264 travailleurs en signalisation routière ont été blessés dans des collisions impliquant des véhicules, selon l’association des travailleurs en signalisation routière du Québec (ATSRQ). En 2019 seulement, on comptait 81 blessés et trois morts.
« On est là pour être sûr que le monde ait de belles routes. On fait ça pour eux autres, puis eux ne sont pas capables de ralentir pour nous », déplore Pierre-Luc Morin, à propos des limites de vitesse non respectées par les conducteurs.
Depuis plusieurs années, le président de L’ATSRQ mène aussi avec ferveur ce combat pour une sécurité plus accrue pour les signaleurs en chantiers de construction.
« Le gars est mort, il ne répondra pas de ses actions. Là, il y a trois enfants qui devront vivre avec un père amputé », avait déclaré Jean-françois Dionne, au lendemain de l’accident de M. Morin.
D’ailleurs, ce dernier avait aussi été encensé par son patron, qui le considérait comme un « as » dans son domaine.
EMPLOYÉ MODÈLE
Il le décrivait comme un employé d’une extrême prudence qui se portait toujours volontaire pour effectuer avec doigté les manoeuvres plus périlleuses, pour préserver la sécurité de ses collègues.
« Ce n’était pas censé être dangereux [ce soir-là], avait toutefois affirmé Jean-Charles Saint-pierre, président de Signalisation STP. On a enlevé la mobilité à un gars qui aimait ce qu’il faisait. »
Lundi dernier, une jeune automobiliste de l’estrie a été condamnée à deux ans moins un jour de détention pour avoir happé mortellement un signaleur routier à Bonsecours, en 2017. Le permis de conduire de Catherine Geoffroy a aussi été suspendu pour sept ans par le juge de la Cour supérieure Claude Villeneuve.