Le Journal de Quebec

La sécurité des travailleu­rs doit être priorisée, insiste l’accidenté

- JONATHAN TREMBLAY

Toujours cloué à son lit d’hôpital un mois et demi après l’accident qui lui a coûté une jambe, Pierre-luc Morin plaide pour une plus grande sécurité des travailleu­rs et signaleurs sur les chantiers de constructi­on.

« Il faut que ça change, lance-t-il sans détour, atterré. Je me suis fait voler ma jambe et mon autonomie. Je ne suis ni capable d’aller aux toilettes tout seul ni de rien faire. Je suis toujours couché dans un lit. »

L’homme de 34 ans souhaite que le ministère des Transports du Québec (MTQ) fournisse davantage de surveillan­ce policière aux abords des chantiers situés sur les routes et autoroutes de la province.

« La Ville de Montréal, quand elle fait des travaux d’asphalte, elle paie des policiers à temps et demi pour faire la circulatio­n, compare-t-il. Mais le MTQ, lui, ne l’exige pas tout le temps. Notre sécurité est compromise. »

M. Morin croit par ailleurs que la mentalité des automobili­stes doit indubitabl­ement changer pour diminuer le nombre d’accidents graves ou même mortels.

DES CENTAINES DE BLESSÉS

De 2016 à 2019, 264 travailleu­rs en signalisat­ion routière ont été blessés dans des collisions impliquant des véhicules, selon l’associatio­n des travailleu­rs en signalisat­ion routière du Québec (ATSRQ). En 2019 seulement, on comptait 81 blessés et trois morts.

« On est là pour être sûr que le monde ait de belles routes. On fait ça pour eux autres, puis eux ne sont pas capables de ralentir pour nous », déplore Pierre-Luc Morin, à propos des limites de vitesse non respectées par les conducteur­s.

Depuis plusieurs années, le président de L’ATSRQ mène aussi avec ferveur ce combat pour une sécurité plus accrue pour les signaleurs en chantiers de constructi­on.

« Le gars est mort, il ne répondra pas de ses actions. Là, il y a trois enfants qui devront vivre avec un père amputé », avait déclaré Jean-françois Dionne, au lendemain de l’accident de M. Morin.

D’ailleurs, ce dernier avait aussi été encensé par son patron, qui le considérai­t comme un « as » dans son domaine.

EMPLOYÉ MODÈLE

Il le décrivait comme un employé d’une extrême prudence qui se portait toujours volontaire pour effectuer avec doigté les manoeuvres plus périlleuse­s, pour préserver la sécurité de ses collègues.

« Ce n’était pas censé être dangereux [ce soir-là], avait toutefois affirmé Jean-Charles Saint-pierre, président de Signalisat­ion STP. On a enlevé la mobilité à un gars qui aimait ce qu’il faisait. »

Lundi dernier, une jeune automobili­ste de l’estrie a été condamnée à deux ans moins un jour de détention pour avoir happé mortelleme­nt un signaleur routier à Bonsecours, en 2017. Le permis de conduire de Catherine Geoffroy a aussi été suspendu pour sept ans par le juge de la Cour supérieure Claude Villeneuve.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Un expert en reconstitu­tion de la Sûreté du Québec se tenait sur l’autoroute 440 à Laval pour photograph­ier la motocyclet­te accidentée du défunt Ian Jacobsen
(en mortaise), qui a terminé sa course près d’un camion blanc et d’un cône orange.
PHOTO D’ARCHIVES Un expert en reconstitu­tion de la Sûreté du Québec se tenait sur l’autoroute 440 à Laval pour photograph­ier la motocyclet­te accidentée du défunt Ian Jacobsen (en mortaise), qui a terminé sa course près d’un camion blanc et d’un cône orange.

Newspapers in French

Newspapers from Canada