UN QUÉBÉCOIS VEILLE AU BIEN DES FALCONS
Martin Lauzon est responsable du protocole de protection contre la COVID-19 à Atlanta
Toutes les nuits, quand Martin Lauzon ouvre l’oeil bien avant le lever du soleil, le poids d’une équipe de football en entier pèse sur ses épaules. À sa 11e saison avec les Falcons d’atlanta, le quinquagénaire de Beloeil doit veiller au grain pour éviter que la COVID-19 ne s’invite dans l’équipe.
Son nouveau chapeau d’officier de contrôle des infections, qui s’ajoute à son boulot déjà prenant de directeur de la médecine sportive, maintient constamment ce rare Québécois dans la NFL sur le qui-vive.
Celui que tous chez les Falcons ont rebaptisé Marty a hérité de la mise en place et de l’application du protocole de protection contre le coronavirus.
Le succès de l’opération chez les Falcons passe par lui. La NFL, qui tient évidemment à ce que sa saison ne soit pas chamboulée, compte sur de tels officiers dans ses 32 marchés. De par ses 22 ans d’expérience dans la ligue, celui qui a travaillé au préalable pour les Browns de Cleveland siège également au comité de traitement de la COVID-19 et du retour au football, depuis mars. Un triple défi stimulant, mais qui a de quoi procurer quelques rides prématurées !
« Être officier de contrôle des infections, c’est une job à temps plein… sauf que j’ai mon autre job à temps plein en même temps comme directeur de la médecine sportive ! Disons que je dors moins qu’avant », lance Lauzon dans un grand éclat de rire, lors d’un entretien téléphonique avec Le Journal.
LONGUES HEURES
Chaque jour, autour de 4 h dans la nuit, Lauzon reçoit les résultats de tests des joueurs, entraîneurs et membres du personnel via une application. Il doit rapidement procéder à l’analyse des résultats.
« C’est une gymnastique intéressante avec tous les tests et les protocoles. C’est beaucoup de stress parce que tu as le bien de l’équipe entre les mains. La responsabilité est énorme. Je dois gérer ça sans négliger le moindre aspect de mon travail de tous les jours en médecine sportive. Au moins, c’est le travail de toute une équipe et je me sens bien épaulé. Chacun prend son rôle au sérieux », témoigne celui qui a fait son chemin de la Machine de Montréal en passant par Ottawa et deux programmes de la NCAA (USC et UCLA) jusqu’à la NFL.
EN MODE ALERTE
Une alerte est évidemment émise immédiatement dans la nuit s’il y a un ou plusieurs résultats positifs. C’est ce qui s’est produit le 15 octobre, une journée qui est vite devenue frénétique avec quatre résultats positifs.
Dans ce contexte, Lauzon doit s’assurer d’étudier le plus vite possible le suivi des contacts pour déterminer quels autres membres de l’équipe peuvent être considérés comme à risque.
Tous doivent en effet porter un bracelet à puce qui permet de retracer quelles personnes ont été en contact prolongé avec un joueur ou un entraîneur infecté. Pendant que les tests sont de nouveau analysés en laboratoire, d’autres tests rapides doivent être passés. Les joueurs touchés et leurs contacts rapprochés doivent aussi répondre à une série de questions.
En cette journée du 15 octobre, il a été déterminé que 18 autres joueurs devaient être considérés comme à risque, en plus des quatre cas positifs. Les Falcons ont dû fermer temporairement leurs installations. « Avec mon avis et celui des médecins de mon équipe, il faut prendre les bonnes décisions pour l’organisation.
Il faut vite communiquer tous les détails à la ligue. Tu passes ta journée à parler avec les 22 joueurs.
« À la fin de la journée, on a compris que trois des quatre tests positifs étaient des faux positifs. Ça nous a aidés, mais on n’a pas regretté d’avoir été proactifs et de fermer nos installations. C’est ce que l’équipe et la ligue souhaitent », raconte Lauzon.
BONNE RELATION
Toutes les mesures sanitaires représentent un nouveau monde que le Québécois a dû apprivoiser et il doit s’assurer que tous adhèrent au plan. C’est là une tâche qui l’amène inévitablement à jouer à la police à l’occasion, mais les Falcons n’ont pas eu à se faire prier.
« On fait des rappels, mais tout le monde comprend. Si les joueurs ne jouent pas, ils ne sont pas payés. Les joueurs savent qu’on fait ça pour le bien de l’équipe et de leur famille. J’ai gardé une bonne relation avec eux.
« Ils sont peut-être jeunes et invincibles dans leur tête, mais ils peuvent avoir le virus. On n’est pas dans une bulle comme la LNH, mais tout le monde fait un bon travail. À peu près chaque équipe va avoir des cas, mais le but est d’empêcher toute éclosion. C’est le nerf de la guerre. »