Le Journal de Quebec

Leurs données commercial­es publiées en ligne

- HUGO JONCAS

Le distribute­ur montréalai­s d’équipement­s électrique­s Guillevin Internatio­nal a vu des centaines de ses documents commerciau­x se retrouver en ligne après une attaque au rançongici­el, le 12 septembre.

« C’est ce qui arrive quand tu ne payes pas », nous dit Luc Rodier, PDG de l’entreprise.

Les pirates avaient laissé des instructio­ns pour les contacter et connaître la rançon demandée, mais Guillevin n’a même pas communiqué avec eux.

« C’est hors de question pour nous de supporter une organisati­on criminelle », insiste le patron.

L’attaque portait la signature de la plateforme Maze. Depuis l’automne 2019, ses mystérieux utilisateu­rs ont transformé le rançongici­el en une véritable industrie. Leur recette : publier les données volées aux victimes qui refusent de les payer.

En tout, Maze a ciblé 328 organisati­ons, selon le décompte de Damien Bancal, chef de la cyberintel­ligence chez 8Brains.

Le gang a annoncé fin octobre qu’il cesse ses opérations, mais d’autres sont apparus, qui imitent sa stratégie.

RETOUR AUX COMMANDES PAPIER

Guillevin a passé 12 jours à remonter son réseau, en fonctionna­nt pratiqueme­nt sans ordinateur­s, raconte Luc Rodier. Son personnel a dû commander des calepins de commande en papier, comme dans les années 1980.

« On a assumé et agi comme s’il y avait de l’informatio­n sensible qui avait été publiée », dit-il. En ligne, notre Bureau d’enquête a trouvé surtout des données commercial­es. Rien d’anodin, assure le PDG.

« Il y a de l’informatio­n sensible sur nos produits, certaines ententes commercial­es… »

Luc Rodier s’est senti bien seul. « Ce sont de grands groupes criminels mondiaux, dit-il. Les corps policiers ne savent pas quoi faire avec ça. »

À défaut de meilleure solution, il mise sur la transparen­ce.

« C’est un fléau. Plus les gens vont être au courant que ça existe, mieux on se porte comme société. »

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