« Le BAPE nous déçoit depuis 40 ans »
Plusieurs jours après son dépôt, les environnementalistes digèrent encore très mal le rapport critique du BAPE sur le projet de tramway et remettent en question le processus de sélection des commissaires.
Rappelant qu’aucun des membres de la commission n’avait une compétence particulière en matière de transport, Étienne Grandmont d’accès transports viables affirme que le processus qui mène au choix des commissaires « est à revoir ».
Le BAPE, selon lui, s’est décrédibilisé avec sa position sur le projet de tramway comme il l’avait fait auparavant pour le Réseau express métropolitain (REM) en 2017 et le Train de l’est en 2009.
« Ce n’est pas normal que trois projets de transport collectif se fassent démolir par le BAPE. Ce sont des projets fondamentalement bons pour l’environnement, même s’ils sont perfectibles. »
JOB « TOUT CROCHE »
Alexandre Turgeon, du Conseil régional de l’environnement, va encore plus loin. « Le BAPE nous déçoit depuis 40 ans », a-t-il largué, hier, au sujet de l’organisme fondé à la fin des années 1970. « Il ne fait pas la job quand c’est des projets routiers, puis il la fait tout croche quand c’est des projets de transport collectif. »
« Quand on lit les deux dernières pages du rapport, on a l’impression qu’on a voulu faire plaisir à certaines personnes au gouvernement », balance celui qui propose de « recadrer » le mandat des commissaires.
Christian Savard, de l’organisme Vivre en Ville, se questionne aussi. « Il y a des bouts (du rapport) qui ressemblent beaucoup aux déclarations de Geneviève Guilbault. J’ai trouvé ça vraiment étrange. Est-ce qu’ils sont imperméables à ce qu’ils lisent dans les journaux ? Assurément pas. J’imagine qu’ils ont été influencés par ça. »
À LA DÉFENSE DES COMMISSAIRES
De son côté, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement s’est porté à la défense des trois commissaires de la commission sur le tramway – la présidente Corinne Gendron, Antoine Morissette et Pierre Renaud – assurant que ces derniers sont indépendants et compétents.
« Tous trois ont signé, avant le début du mandat, une déclaration d’engagement éthique et déontologique et une déclaration d’absence de conflits d’intérêts », a assuré le porte-parole Pierre Turgeon.
Le BAPE, qui a un rôle consultatif, est composé de cinq membres à temps plein.
Pour pouvoir former des commissions d’enquête, son président Philippe Bourke dispose d’une liste de 19 membres additionnels à temps partiel, lesquels sont tous nommés au préalable par le gouvernement. Les commissaires affectés à divers mandats sont ensuite désignés par le président du BAPE.