Gilbert Rousseau rend l’âme
Le fondateur de l’enseigne qui porte toujours son nom est décédé d’un cancer
Visionnaire. The game changer. Généreux. Les mots n’ont pas manqué, hier, pour décrire Gilbert Rousseau, pionnier québécois dans le monde de la vente d’équipement de hockey et fondateur de l’enseigne Sports Gilbert Rousseau, décédé à 71 ans, mardi, des suites d’un cancer foudroyant.
C’est en 1973 que M. Rousseau avait donné ses premiers coups de patin dans le domaine de la vente au détail. Il avait ouvert sa première boutique où il offrait différents articles de sports sur la rue Dudemaine, à Montréal.
Il avait 4000 $ en poche lorsqu’il était passé chez son banquier pour financer son aventure. «Il mettait toutes ses payes de côté pour atteindre son objectif», raconte sa conjointe depuis près de 30 ans, Sonia Quéry.
Comme le proverbe le dit, petit train va loin, M. Rousseau est parvenu à bâtir au fil des ans un réseau de 23 magasins à travers le Canada sous les enseignes Sports Rousseau, L’entrepôt du Hockey et Pro Hockey Life.
Puis en 2013, une filiale du géant Canadian Tire, propriétaire de Sports Experts, a déboursé 85 M$ pour mettre le grappin sur le spécialise des articles de hockey. Ce dernier avait alors un chiffre d’affaires de 95 M$.
POINT TOURNANT
Mais revenons dans les 1980. En 1986, Sports Gilbert Rousseau comptait trois magasins dans la grande région de Montréal, raconte l’ancien vice-président aux achats du groupe et ami de M. Rousseau, Louis Fortin.
Les frères de l’homme d’affaires montréalais, Marcel et Daniel, ont aussi détenu des parts dans l’entreprise familiale durant plusieurs années.
«En 1986, nous vendions encore des articles pour tous les sports», précise M. Fortin. «M. Rousseau était un visionnaire. C’était mon mentor. Son plan dans la vie a toujours été de devenir le plus grand détaillant d’équipement de hockey au Canada. Il a réussi d’une certaine manière», se réjouit-il.
L’un des points tournant dans la croissance de Sports Gilbert Rousseau aura été d’abandonner la vente de vélos aux alentours de 1988 afin de concentrer exclusivement son offre sur les articles de hockey. «C’était très avant-gardiste. Le futur lui a toutefois donné raison», souligne M. Fortin.
Au cours des années suivantes, la direction a multiplié les ouvertures. En 1998, en bordure de l’autoroute 440 à Laval, M. Rousseau a inauguré ce qui était «le plus gros magasin d’articles de hockey au pays, selon ses proches.
«Il n’y avait presque rien dans ce secteur. Il était considéré comme un peu fou», se remémore Mme Quéry. «Bauer l’appelait The game changer. Il avait reçu une mention spéciale de cette compagnie en raison de sa vision du hockey dans le commerce de détail», poursuit-elle.
Puis en 2007, pour appuyer sa croissance à travers le Canada anglais sous la bannière Pro Hockey Life, l’entreprise s’était associée avec un groupe d’investisseurs privés dirigé par la Corporation Financière Champlain.
La première boutique hors Québec avait ouvert en Ontario. Par la suite, il y a eu l’acquisition de L’entrepôt du Hockey, à Québec.
Lors de la vente de la compagnie à Canadian Tire, M. Rousseau était à la tête d’une chaîne avec des antennes dans cinq provinces canadiennes.
Après cette transaction, l’homme d’affaires a continué à investir dans des compagnies, dit Martin Roy, ami et responsable de la gestion du patrimoine de M. Rousseau. «C’était un être exceptionnel. Il essayait de rendre les gens meilleurs. Tu ne pouvais pas sortir l’entrepreneur de lui».