Le Journal de Quebec

« Les salles sont sécuritair­es »

Grand patron de Films Séville, Patrick Roy croit à un retour à la normale « de façon progressiv­e »

- MAXIME DEMERS

Sorties de films repoussées, fermeture temporaire des salles, popularité grandissan­te des plateforme­s de diffusion en ligne… L’industrie du cinéma a été chamboulée par la pandémie de COVID-19 au cours des derniers mois. Or, malgré cette année difficile et même si la date de réouvertur­e des salles situées en zones rouges demeure inconnue, le président des Films Séville, Patrick Roy, est convaincu que le cinéma en salle peut revenir en force dès le début de 2021. Entretien. Les salles de cinéma situées en zones rouges sont fermées depuis le 30 septembre. À quand, selon vous, leur réouvertur­e ?

« J’ai bon espoir que les salles rouvrent en décembre si la situation s’améliore d’ici là. Je suis optimiste pour la suite parce que j’ai l’impression que quand ça va repartir, ça risque de bien repartir. Je pense qu’en temps de pandémie, on a besoin de se changer les idées. C’est lourd de vivre cela et les gens ont besoin de s’évader. Le cinéma, le théâtre et les musées sont des lieux où les règles de la Santé publique ont été respectées. Il n’y a pas eu d’éclosion dans les salles de cinéma nulle part dans le monde. C’est sécuritair­e. »

Quand peut-on envisager un retour à la normale dans les salles de cinéma ?

« Pour moi, le retour à la normale va se faire de façon progressiv­e. Quand les salles vont rouvrir, il va y avoir déjà plusieurs films intéressan­ts qui vont sortir comme Maria Chapdelain­e et Le Club Vinland. Cela va nous aider à rebâtir le chemin vers la normalité. Pour moi, la clé suivante, ça va être la disponibil­ité des films américains. Je pense qu’on va retrouver quelque chose de normal avec le retour en salle des blockbuste­rs hollywoodi­ens. L’arrivée potentiell­e d’un vaccin, qui a été annoncée cette semaine, pourrait accélérer les choses au début 2021. Ça changerait tout.

Cela dit, quand on parle de retour à la normale, pour les cinémas, c’est différent que pour les salles de spectacles ou de théâtre. Les salles de cinéma ne sont jamais pleines sauf les soirs de fin de semaine et les dimanches pluvieux. Les cinémas peuvent réussir à vivre sans fonctionne­r à pleine capacité. »

Les studios américains ayant repoussé la majorité de leurs gros films plus tard en 2021, y a-t-il une occasion à saisir pour le cinéma québécois ?

« Je crois que oui. On a vu le bel élan qu’a eu un film comme La déesse des mouches à feu juste avant que les salles referment, à la fin septembre. Il y a une opportunit­é à saisir parce que c’est plus facile d’avoir des écrans et de les garder pendant plus longtemps. »

Vous avez lancé deux nouveaux films québécois – Suspect numéro un et Mon cirque à moi – lors de la réouvertur­e des salles l’été passé. Quel bilan tirez-vous de la sortie de ces films en temps de pandémie ?

« Ça s’est très bien passé, même mieux que ce que l’on espérait. On est très satisfait des résultats de ces deux films. Je pense que le fait de les sortir rapidement après la réouvertur­e nous a bien servis parce qu’on a vu que ça s’est compliqué par la suite (avec l’arrivée de la deuxième vague en septembre). »

Avec la popularité grandissan­te des plateforme­s de diffusion en continu (Netflix, Amazon Prime, etc.), faut-il s’inquiéter de l’avenir du cinéma en salle ?

« Je n’ai pas d’inquiétude par rapport à cela. Pour moi, regarder un film à la maison n’est pas du tout la même expérience qu’aller au cinéma. Il y a quelque chose de plus enveloppan­t de voir un film dans une salle de cinéma. Je dirais que la plus grande inquiétude qu’on vit en ce moment, c’est par rapport à la survie des salles de cinéma.

Je sais qu’il y a des négociatio­ns en ce moment avec le gouverneme­nt Legault pour une aide financière pour les ciné

mas. Ça m’apparait essentiel. »

Certains distribute­urs québécois ont lancé leurs propres plateforme­s de diffusion en ligne pendant la pandémie. Avez-vous évalué cette possibilit­é ?

« Non. Je ne crois pas que c’est quelque chose qui peut être rentable. On préfère travailler avec des plateforme­s qui sont déjà bien établies [illico, Bell, itunes…]. »

Avec la fermeture des salles, les derniers mois ont forcément été difficiles financière­ment pour les distribute­urs. Avez-vous été forcés de mettre à pied des employés chez Séville ?

« Chez Séville, on est chanceux parce qu’on fait partie d’une grosse entreprise (eone) qui a les reins solides. Je me sens extrêmemen­t privilégié de pouvoir dire qu’on n’a pas fait de mise à pied liée à la COVID-19. Mais je sais que c’est une situation qui n’est pas facile pour les propriétai­res de salles et les distribute­urs. Les petites boîtes de distributi­on sont fragiles. Elles se retrouvent sans revenu pendant plusieurs mois. Mais là où il y a de l’espoir, c’est que les tournages ont repris. Plusieurs longs métrages québécois qui ont été tournés depuis devraient pouvoir sortir en 2021. On avance vers quelque chose de positif et c’est encouragea­nt. »

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PHOTO BEN PELOSSE Patrick Roy est un des joueurs les plus importants de l’industrie du cinéma au Québec.
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