Le Journal de Quebec

LA PUISSANCE CONTRE LA FINESSE

La 84e présentati­on du Masters débute ce matin

- François-david Rouleau l Fdrouleauj­dm

AUGUSTA | Deux réalités sportives s’entrechoqu­ent à la 84e édition du Tournoi des Maîtres qui prend son envol à huis clos ce matin, au mythique club de golf de l’augusta National en Géorgie. La puissance l’emportera-t-elle sur la ruse et la finesse ? On connaîtra la réponse lors de la cérémonie de remise du veston vert, dimanche.

Avec les percées technologi­ques et la transforma­tion du jeune Bryson Dechambeau depuis le début de la pandémie de COVID-19 en mars, le monde du golf tend de plus en plus vers la puissance. Les profession­nels n’hésitent plus à se pavaner en affichant leurs données en repoussant sans cesse les limites.

Mais à quel point cette puissance s’avère-t-elle un atout sur un parcours aussi intrigant et mystérieux que l’augusta National ?

Une part de la réponse se trouve dans les statistiqu­es des grands champions depuis 10 ans. Du nombre, seuls quatre (Patrick Reed, Sergio Garcia, Bubba Watson et Phil Mickelson) ont terminé dans le top 10 des plus longs cogneurs lors de leur victoire. Du lot, un seul a réussi à joindre la puissance à la précision : Garcia en 2017.

Pour sa première conquête majeure, l’espagnol avait maintenu une moyenne de 291,5 verges à ses quatre rondes tout en touchant 80,4 % des allées. Un fait d’armes qui lui avait conféré le second rang.

APPROCHES PRIMORDIAL­ES

Une donnée qui ne ment pas à Augusta, c’est la qualité des frappes à l’approche des fanions. Sur des surfaces si vallonnées et délicates, mieux vaut user de finesse et de ruse. Dans les 10 dernières éditions, Reed (2018) et Charl Schwartzel sont les seuls à avoir mis la patte sur un veston vert sans apparaitre dans le du top 10 à ce chapitre.

La clé sur le National, c’est de maîtriser sa balle, la travailler dans les deux directions et ensuite terminer le travail sur les verts. Si l’on y ajoute la chance et la grâce des dieux du golf lorsque le vent fait des siennes, on peut rêver au veston.

Il ne s’agit pas que d’une affaire de muscles et de puissance brute. Elle peut certes devenir un avantage sans donner la recette miracle.

Avec sagesse, Dechambeau, 27 ans, l’a lui-même reconnu en conférence de presse.

« Je peux frapper la balle de toutes mes forces, mais tout revient aux approches et aux roulés sur les verts, a-t-il signalé. C’est ce que les gens peinent à voir dans mon jeu. Autant je peux prendre avantage de ma puissance depuis les tertres, il faut encore bien faire sur et autour des verts. Les cocheurs doivent être à point et le jeu de fers aussi. C’est ce que j’ai réussi à accomplir pour gagner le US Open.

« Si je n’avais pas bien joué sur les verts, je n’aurais pas gagné, a-t-il enchaîné. Peu importe l’endroit, tout revient à mettre la balle dans le trou. »

QUALITÉS

Quand il est question de distance, Brooks Koepka, Justin Thomas, Dustin Johnson, Rory Mcilroy et Jon Rahm sont aussi puissants.

Du lot, Thomas est considéré par ses pairs comme l’un des meilleurs golfeurs grâce à la qualité de ses frappes avec ses fers. Sans jalousie, il sait que sa charpente l’empêche de cogner aussi loin que Dechambeau, mais la finesse de l’ensemble de son jeu et sa ruse font de lui un féroce prétendant à n’importe quel titre.

« Je n’ai pas besoin de frapper à 370 verges pour gagner un tournoi. Je crois frapper la balle assez loin, a rappelé l’homme aux 13 victoires en carrière, dont trois en 2020. Si je continue à améliorer tous les petits aspects de mon jeu, je peux me battre pour gagner n’importe quel tournoi. Cela ne m’empêche pas de vouloir frapper plus loin. Il suffit d’être réaliste. Je dois travailler mes qualités. »

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