Le Journal de Quebec

L’autre bilinguism­e

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com Voir. Newyorker Thegazette

Certaines personnes mal intentionn­ées disent que, dans certains commerces de la grande région de Montréal, on a de la difficulté à trouver des vendeurs qui parlent une autre langue que l’anglais.

C’est faux.

Oui, il y a beaucoup de vendeurs dont la langue principale est l’anglais.

Mais la majorité est bilingue. Ils parlent anglais et grec. Anglais et mandarin.

Anglais et panjabi.

Anglais et persan.

Anglais et turc.

Le déclin du français cache une réalité dont on parle peu...

XIE XIE

Ça m’est arrivé il y a quelque temps. J’entre avec ma blonde dans un commerce à Laval et la vendeuse ne parle qu’anglais.

Comme elle le fait toujours dans ce cas, Sophie demande de parler à la gérante.

« Pourquoi avez-vous embauché une unilingue anglophone pour servir les clients ?

— Elle n’est pas unilingue, elle parle mandarin.

— Euh… parce que le mandarin est l’une des langues officielle­s du Canada ?

— Vous saurez, madame, que nous avons beaucoup de clients asiatiques… »

C’est comme le grand écrivain Mordecai Richler que j’avais interviewé quand j’étais jeune journalist­e à

« Vous avez passé toute votre vie à Montréal, pourquoi ne parlez-vous pas français ?

— Et vous ? Pourquoi ne parlez-vous pas yiddish ? » m’a-t-il répondu en anglais.

Pour cet homme qui n’arrêtait pas de ridiculise­r les défenseurs du français (il avait déjà écrit dans le prestigieu­x qu’un francophon­e avait porté plainte à l’office québécois de la langue française parce que le perroquet d’une animalerie ne parlait pas français, ce qui était bien sûr totalement faux), il y avait deux langues importante­s à Montréal : l’anglais et le yiddish.

Ben coudonc.

QUI EST CHARLES LAFORTUNE ?

En fait, le déclin du français à

Montréal cache une autre réalité, que la rectitude politique nous empêche d’aborder.

(Avertissem­ent aux petits lapins : cessez tout de suite de lire ce texte, car vous risquez d’être offensés pour le reste de vos jours.)

Certains immigrants – pas tous : CERTAINS – se foutent complèteme­nt de la culture québécoise.

Pour eux, le Québec est une province du Canada. Et le Canada est un pays dont la langue officielle est l’anglais.

Point final.

Vous leur montrez des photos de Charles Lafortune, de Guy A. Lepage et de Véronique Cloutier, et ils haussent les épaules.

Ils n’ont aucune idée de qui sont ces personnali­tés.

Notre culture, notre langue et notre histoire ne les intéressen­t pas.

Pour eux, Montréal est une ville nord-américaine.

Ils étudient en anglais, ils travaillen­t en anglais, ils vivent dans des ghettos où l’on ne parle qu’anglais et, le soir, grâce à l’antenne-satellite qu’ils ont installée sur leur balcon, ils regardent la télé de leur pays d’origine.

Et tout ce qu’ils connaissen­t du journal que vous êtes en train de lire est ce que en dit.

Ça fait que…

UNE ATTITUDE MÉPRISANTE

Je ne sais pas combien de fois je me fais venir de la pizza ou du poulet, et le livreur ne parle pas un traître mot de français.

Je ne veux pas discuter avec lui du dernier livre de Mathieu BockCôté. Juste l’entendre dire « Merci » et « Bonsoir ».

Il semble que c’est trop demander. Que des gérants de chaînes de restos ne prennent même pas la peine d’apprendre ces deux petits mots à leurs livreurs en dit long sur le mépris qu’ils vouent au Québec.

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