L’école de tous les dangers
Le premier ministre lance le ballon. Il s’inquiète du nombre grandissant d’infections au coronavirus dans les écoles.
Le ministre de l’éducation tempère son chef en arguant qu’il est en contrôle et que les moyens mis de l’avant pour endiguer la transmission communautaire fonctionnent.
Le ministre de la Santé se désole de ne pas avoir agi en amont pour améliorer la ventilation dans les écoles.
À travers ce tumulte, le gouvernement continue de discuter sur d’autres moyens à déployer.
Formation de plus petits groupes, fermeture des écoles, enseignement à distance et prolongement du congé des Fêtes alimentent la rumeur publique.
Les oppositions critiquent les propos gouvernementaux, car ils sont des germes d’insécurité au sein de la population.
La Fédération autonome de l’enseignement regimbe en se plaignant que les ressources promises ne sont pas au rendez-vous et qu’il ne saurait être question de prolonger l’année scolaire.
Des parents s’opposent à un congé des Fêtes plus long qui entraînerait des problèmes sur le plan de la garde d’enfants.
Un vent de modération de la part de la Fédération des syndicats de l’enseignement qui déplore les ballons politiques lancés sans que les acteurs du milieu aient pu en discuter. Sous-entendu, il faudrait se parler !
TOUJOURS EN RETARD
En suivant l’actualité reliée à l’éducation, on a très vite le sentiment que la pandémie a quelques coups d’avance sur les décideurs.
On observe trop souvent de l’improvisation, des contradictions dans le cheminement ministériel, des retards dans la chaîne de commandement et un grand manque d’unité pour mener le combat.
Toutes les fautes ne sont pas imputables au gouvernement, son leadership apparaît toutefois défaillant dans un secteur aussi névralgique que l’éducation.
Pour y avoir passé une bonne partie de ma carrière, j’ai constaté à quel point la prise de décisions et la mise en oeuvre de plans d’action s’avéraient laborieuses sans même une crise sanitaire.
Le ministère de l’éducation était qualifié de dinosaure. Les syndicats étaient particulièrement doués pour étirer les débats. Les administrateurs et les parents ne faisaient pas l’économie de corporatiste en privilégiant l’intérêt de leur groupe.
Je disais souvent à mes collaborateurs, c’est une chance de ne pas être en guerre, car nous serions tous morts avec cette lenteur à se mettre en action.
SERRER LES RANGS
Malheureusement, les acteurs de l’éducation sont maintenant en guerre contre un ennemi invisible très dévastateur. Cet adversaire impose plus de cohérence et de cohésion pour le combattre avec succès.
Dans notre régime parlementaire, les premiers ministres tendent à vouloir tout contrôler. Force est de constater que cela n’est guère productif pour l’éducation dans cette crise sanitaire.
Le temps est venu d’instituer un conseil de défense de l’éducation où tous les grands acteurs seraient conviés pour mener solidairement la lutte.
Cela suppose une volonté commune en évitant les a priori, en modérant le souhaitable, en excellant dans l’art du compromis et en se concentrant principalement sur le faisable.
Ainsi ira l’éducation !
À la lumière de la progression de l’épidémie dans les écoles, le gouvernement Legault ne peut plus faire cavalier seul.