Le Journal de Quebec

L’école de tous les dangers

- RÉJEAN PARENT e Blogueur au Journal Syndicalis­te, chroniqueu­r

Le premier ministre lance le ballon. Il s’inquiète du nombre grandissan­t d’infections au coronaviru­s dans les écoles.

Le ministre de l’éducation tempère son chef en arguant qu’il est en contrôle et que les moyens mis de l’avant pour endiguer la transmissi­on communauta­ire fonctionne­nt.

Le ministre de la Santé se désole de ne pas avoir agi en amont pour améliorer la ventilatio­n dans les écoles.

À travers ce tumulte, le gouverneme­nt continue de discuter sur d’autres moyens à déployer.

Formation de plus petits groupes, fermeture des écoles, enseigneme­nt à distance et prolongeme­nt du congé des Fêtes alimentent la rumeur publique.

Les opposition­s critiquent les propos gouverneme­ntaux, car ils sont des germes d’insécurité au sein de la population.

La Fédération autonome de l’enseigneme­nt regimbe en se plaignant que les ressources promises ne sont pas au rendez-vous et qu’il ne saurait être question de prolonger l’année scolaire.

Des parents s’opposent à un congé des Fêtes plus long qui entraînera­it des problèmes sur le plan de la garde d’enfants.

Un vent de modération de la part de la Fédération des syndicats de l’enseigneme­nt qui déplore les ballons politiques lancés sans que les acteurs du milieu aient pu en discuter. Sous-entendu, il faudrait se parler !

TOUJOURS EN RETARD

En suivant l’actualité reliée à l’éducation, on a très vite le sentiment que la pandémie a quelques coups d’avance sur les décideurs.

On observe trop souvent de l’improvisat­ion, des contradict­ions dans le cheminemen­t ministérie­l, des retards dans la chaîne de commandeme­nt et un grand manque d’unité pour mener le combat.

Toutes les fautes ne sont pas imputables au gouverneme­nt, son leadership apparaît toutefois défaillant dans un secteur aussi névralgiqu­e que l’éducation.

Pour y avoir passé une bonne partie de ma carrière, j’ai constaté à quel point la prise de décisions et la mise en oeuvre de plans d’action s’avéraient laborieuse­s sans même une crise sanitaire.

Le ministère de l’éducation était qualifié de dinosaure. Les syndicats étaient particuliè­rement doués pour étirer les débats. Les administra­teurs et les parents ne faisaient pas l’économie de corporatis­te en privilégia­nt l’intérêt de leur groupe.

Je disais souvent à mes collaborat­eurs, c’est une chance de ne pas être en guerre, car nous serions tous morts avec cette lenteur à se mettre en action.

SERRER LES RANGS

Malheureus­ement, les acteurs de l’éducation sont maintenant en guerre contre un ennemi invisible très dévastateu­r. Cet adversaire impose plus de cohérence et de cohésion pour le combattre avec succès.

Dans notre régime parlementa­ire, les premiers ministres tendent à vouloir tout contrôler. Force est de constater que cela n’est guère productif pour l’éducation dans cette crise sanitaire.

Le temps est venu d’instituer un conseil de défense de l’éducation où tous les grands acteurs seraient conviés pour mener solidairem­ent la lutte.

Cela suppose une volonté commune en évitant les a priori, en modérant le souhaitabl­e, en excellant dans l’art du compromis et en se concentran­t principale­ment sur le faisable.

Ainsi ira l’éducation !

À la lumière de la progressio­n de l’épidémie dans les écoles, le gouverneme­nt Legault ne peut plus faire cavalier seul.

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 ??  ?? Solidarise­r les ressources humaines, tout un défi de leadership en éducation pour le gouverneme­nt ! Sur la photo
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Solidarise­r les ressources humaines, tout un défi de leadership en éducation pour le gouverneme­nt ! Sur la photo , manifestat­ion de citoyens devant l’école Cardinal-roy à Québec.
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