« Ne change jamais le nom d’adonis ! »
La chaîne d’alimentation québécoise a été avalée par Metro, mais le cofondateur tenait à préserver son identité
Depuis qu’il a vendu toutes ses parts à Metro, Jamil Cheaib limite ses passages dans les Marché Adonis, la douleur étant encore vive. Même si le derby pour l’achat de sa chaîne d’alimentation incluait également Sobeys et Loblaw, l’homme d’affaires libanais dit avoir choisi Metro pour les racines québécoises de la société.
« C’était ma fierté », répond M. Cheaib, au sujet de la chaîne d’alimentation dont il est le cofondateur. « Ce que j’ai dit au PDG de Metro, Éric La Flèche : je te vends mon entreprise, mais ne change jamais le nom d’adonis ! » Une transaction qui a été « très difficile » émotionnellement, concède-t-il.
La semaine dernière, M. Cheaib était de passage dans la capitale nationale pour discuter d’une autre de ses passions, soit l’immobilier. D’ici sept ans, la valeur des projets du groupe Damco dans la grande région de Québec pourrait dépasser le cap du milliard de dollars ( voir autre texte).
Mais avant de porter le chapeau presque à temps plein de promoteur immobilier, M. Cheaib était à la tête de Marché Adonis. Une chaîne qu’il a fondée avec son frangin, Elie, et son ami, Georges Ghrayeb, en 1979.
LA TRANSACTION
Le 26 octobre 2011, le trio vendait 55 % des parts de l’entreprise et de son grossiste importateur Produits Phoenicia à Metro. À l’époque, Sobeys et Loblaw cognaient également à la porte, se remémore l’ancien patron, pour avaler la bannière spécialisée dans les aliments méditerranéens.
« J’ai eu de l’intérêt de trois entreprises. Les offres étaient à peu près pareilles, mais celle de Loblaw était un peu plus haute. Je préférais qu’adonis reste ici, au Québec. C’est pour cette raison que nous avons choisi Metro », souligne-t-il, estimant avoir pris la bonne décision.
« Je n’ai pas dit : Je veux vendre Adonis, c’est eux qui ont cogné à ma porte pour acheter. Ils m’ont dit : combien tu veux ? Ils ont payé le prix », raconte-t-il, avec le sourire. Il a fallu un an pour conclure cette transaction.
En 2017, Metro a complété son emplette en achetant le reste des actions des fondateurs. Marché Adonis comptait alors 11 succursales réparties entre la grande région de Montréal et Toronto.
« Je pense que je suis entré deux fois depuis dans un Marché Adonis. Je ne peux pas entrer. Vraiment, cela me manque. C’est un secteur où il faut prendre des décisions très vite et à chaque minute. Dans la construction, c’est totalement différent. Les choses se font tranquillement », confie-t-il.
SATISFAIT
Aujourd’hui, M. Cheaib se dit satisfait de voir continuer de grandir Marché Adonis.
D’ailleurs, une première succursale va ouvrir ses portes dans la région de Québec en 2021 sur les terrains des Galeries de la Capitale.
L’enseigne cherchait depuis « huit ans » à s’établir dans la capitale. M. Cheaib mentionne que c’était principalement le défi entourant la main-d’oeuvre qui freinait le plan de croissance à l’autre bout de l’autoroute 20.
Il y a actuellement 15 Marché Adonis (certains en construction), en plus des installations du Groupe Phoenicia, au Québec et en Ontario, et le siège social de l’entreprise est à Laval.
Même s’il « adore » et « aime » toujours le secteur alimentaire, M. Cheaib ferme la porte à l’idée d’y brasser de nouveau des affaires. Si tout va bien, il prévoit d’ailleurs prendre sa retraite d’ici cinq ans.
« À mon âge, cela serait trop difficile. Je l’ai fait lorsque j’étais jeune et pour moi cela a été une très bonne expérience », conclut celui qui s’exprime très bien en français.
« JE N’AI PAS DIT : JE VEUX VENDRE ADONIS, C’EST EUX QUI ONT COGNÉ À MA PORTE POUR ACHETER. »
– Jamil Cheaib, cofondateur de Marché Adonis