Prud’homme accuse le gouvernement d’ingérence
Martin Prud’homme, menacé de destitution, s’adresse à la Cour et accuse le gouvernement d’ingérence
Menacé de destitution, le directeur de la SQ, Martin Prud’homme, contre-attaque via les tribunaux. Il s’en prend notamment à la ministre de la Sécurité publique et demande la fin de l’enquête qui le vise.
Prud’homme a déposé hier une requête en Cour supérieure dans laquelle il accuse le gouvernement Legault d’avoir mis sur pied « illégalement » une enquête pour déterminer s’il doit être congédié.
Il s’agit d’un énième revirement dans cette saga qui implique depuis trois ans les plus hautes sphères policières, judiciaires et politiques du Québec.
Le patron de la Sûreté du Québec (SQ) est sur la sellette depuis sa suspension en mars 2019. À l’époque, des allégations d’infraction criminelle pesaient contre lui. Il était soupçonné d’entrave et d’abus de confiance après avoir passé un coup de fil à la directrice des poursuites criminelles et pénales (DPCP), Annick Murphy.
L’appel téléphonique, fait le 24 octobre 2017, était en lien avec la fameuse enquête Projet A sur les fuites médiatiques à l’unité permanente anticorruption (UPAC).
Martin Prud’homme a finalement été blanchi des allégations de nature criminelle.
Mais le 4 novembre dernier, la ministre Guilbault a annoncé qu’elle mandatait la Commission de la fonction publique pour déterminer si Prud’homme devait tout de même être puni, voire destitué.
TOURBILLON POLITIQUE
Dans la requête qu’il a déposée hier, Martin Prud’homme dit être « aspiré dans un véritable tourbillon politique, médiatique et disciplinaire qui ne cesse de perdurer en raison de l’immixtion gouvernementale dans le processus ».
En congé avec solde depuis 19 mois, il a « perdu tout espoir de pouvoir faire valoir sa position et ses droits dans le cadre d’un processus équitable et impartial ».
Il s’en prend à la ministre Guilbault, « censée demeurer neutre dans tout ce processus », mais qui aurait selon lui étalé publiquement des conclusions lui étant défavorables et transmis de manière indue des documents « censés être confidentiels ».
« C’est le pouvoir exécutif qui met son poids dans la balance et s’ingère », estime M. Prud’homme.
Le directeur de la SQ n’est également pas tendre envers Annick Murphy. Il se demande pourquoi Me Murphy « n’a jamais cru bon » de dénoncer immédiatement le coup de fil d’octobre 2017, et souligne qu’elle aurait attendu à 2019 pour le faire.
L’ARRÊT DES PROCÉDURES DEMANDÉ
Prud’homme demande à la Cour d’ordonner l’arrêt des procédures instituées à son endroit par la ministre Guilbault devant la Commission de la fonction publique.
Il demande aussi à la Cour de trancher que le coup de fil qu’il a passé à la patronne du DPCP en 2017 ne justifie pas qu’il soit destitué.