Un vaccin efficace à 94,5 %
Après Pfizer, Moderna a dévoilé des résultats prometteurs, hier, mais les vaccins ne suffiront pas, selon des experts
Les résultats prometteurs obtenus par un second vaccin contre la COVID-19, cette fois produit par la société Moderna, ne doivent pas faire oublier que ces injections ne suffiront pas à elles seules à stopper la pandémie, préviennent des experts.
Une semaine après l’annonce de Pfizer/ Biontech, l’entreprise américaine a révélé que son candidat vaccin avait une efficacité de 94,5 % lors des essais cliniques de phase 3.
Il s’agit d’une efficacité supérieure de près de 5 % par rapport aux résultats obtenus par Pfizer pour le même type de vaccin – à ARN messager – dans cette ultime phase avant la demande d’homologation.
Les résultats préliminaires divulgués hier par Moderna indiquent que 90 participants de son groupe placebo avaient contracté la COVID-19, contre seulement 5 dans le groupe de participants ayant reçu son candidat vaccin.
Le vaccin de Moderna représente un moins grand défi logistique que celui de Pfizer, puisqu’il devra être transporté à une température de -20 degrés Celsius, comparativement à la température extrême de -75 degrés Celsius requise pour celui de son compétiteur ( voir encadré).
UN IMPACT FIN 2021
Moderna demandera prochainement une autorisation de mise en marché aux ÉtatsUnis, où elle devrait produire 20 millions de doses d’ici la fin 2020. Ottawa a réservé jusqu’à 56 millions de doses de ce vaccin — comparativement à 76 millions pour le vaccin de Pfizer — mais elles ne sont pas attendues au Canada avant 2021.
Selon Moderna, un peu moins de 10 % des participants à l’étude ont eu des effets secondaires tels que de la fatigue, des courbatures et des rougeurs.
« De constater qu’un deuxième vaccin présente une efficacité de cet ordre de grandeur, c’est au-delà de nos espérances ! », lance Cécile Tremblay, microbiologiste-infectiologue à l’université de Montréal. Mais la partie n’est pas jouée pour autant, insiste-t-elle.
« Ça va prendre plusieurs mois avant qu’on ait une couverture vaccinale conséquente, on ne verra pas un impact sur le déclin de la pandémie avant au moins la fin de 2021 », prévient la Dre Tremblay, indiquant qu’il faudra conserver nos mesures de précaution pour protéger les plus vulnérables.
Le directeur général de l’organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, abonde d’ailleurs dans le même sens. « Un vaccin va compléter les autres outils que nous avons, pas les remplacer. […] Nous espérons que cela va faire baisser le nombre de morts et permettre aux systèmes de santé de résister. Mais cela laissera encore beaucoup de champ au virus pour opérer », souligne-t-il.
IMMUNITÉ INCERTAINE
Les scientifiques s’attendent à une avalanche de résultats de compagnies pharmaceutiques qui planchent sur un vaccin, dont plusieurs sont en phase 3, au cours des prochaines semaines.
Alain Lamarre, expert en immunologie et virologie à l’institut national de recherche scientifique (INRS), souhaite toutefois modérer l’optimisme de plusieurs. Si les résultats ont montré que les vaccins de Moderna et Pfizer protègent un individu après deux injections, rien n’indique pour combien de temps celui-ci sera immunisé.
« Est-ce qu’il faudra se faire vacciner périodiquement comme pour la grippe ? C’est la grosse question. Seul le temps nous le dira », mentionne-t-il.
D’après la Russie, le vaccin Spoutnik-v aurait une efficacité de 92 %. Toutefois, ses développeurs n’avaient pas encore entamé les essais à grande échelle de la phase 3 au moment de dévoiler les résultats la semaine dernière.