Le Journal de Quebec

Le projet bat de l’aile

- KARINE GAGNON Chroniqueu­se politique karine.gagnon @quebecorme­dia.com

Il devient impossible d’applaudir le dernier projet du Port de Québec, Laurentia, après avoir pris connaissan­ce des conclusion­s alarmantes d’un rapport préliminai­re de l’agence d’évaluation d’impact du Canada.

Depuis son arrivée en 2010, le PDG du Port de Québec, Mario Girard, a fait de nombreuses volte-face après avoir présenté des projets d’agrandisse­ment.

Il a d’abord parlé d’un projet qui permettrai­t de faire transiter du pétrole, puis avec Beauport 2020, il envisageai­t d’augmenter le transport et l’entreposag­e de vrac liquide et de produits inflammabl­es.

Pour finir, le projet

Laurentia vise toujours l’agrandisse­ment de la ligne du quai actuel, mais pour implanter, grâce à

775 millions de dollars d’investisse­ments, un important terminal de conteneurs en eau profonde.

En plus de s’être perdue en conjecture­s, l’administra­tion portuaire de

Québec n’a surtout jamais semblé en mesure de justifier ces projets face aux impacts appréhendé­s sur l’environnem­ent et la qualité de vie des citoyens des environs.

EFFETS INQUIÉTANT­S

Depuis 2015, on attend le rapport de l’agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC), qui a rendu une version préliminai­re de ses principale­s conclusion­s, hier.

Loin de rassurer, les conclusion­s de l’agence viennent confirmer les multiples appréhensi­ons soulevées depuis cinq ans. Il y est question d’effets environnem­entaux négatifs importants, notamment sur la qualité de l’air et la santé humaine.

À la fin de l’été, lors d’une conférence de presse à laquelle ont participé M. Girard, la rectrice de l’université Laval et le patron de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec, le maire de Québec a tenté de jouer la carte de la rivalité Québec-montréal.

Selon Régis Labeaume, le port de Montréal combat le projet de Québec et veut le saboter afin de protéger son propre projet de terminal situé à Contrecoeu­r, près de Sorel-tracy, dans un secteur industriel.

Dans le cas de Laurentia, celui-ci serait implanté dans la baie de Beauport, à six kilomètres à peine du Vieux-québec et encore plus à proximité de Limoilou et de ses quartiers résidentie­ls.

Plus récemment, le maire a aussi vertement critiqué le fédéral parce que, contrairem­ent au gouverneme­nt Legault, il tardait à donner son aval au projet.

De son côté, le Port a mené une vaste opération de relations publiques, cette année. La semaine dernière, son PDG conviait la presse pour annoncer l’appui de 170 maires et préfets. Pour la ministre Geneviève Guilbault, il s’agit d’une occasion de relancer notre économie.

QUALITÉ DU PROJET

Loin de rassurer, les conclusion­s du rapport viennent confirmer les multiples appréhensi­ons soulevées depuis cinq ans.

Toutefois, au-delà de toutes les considérat­ions économique­s et de concurrenc­e entre les deux régions, une différence majeure distingue ces deux projets. « Laurentia s’insère dans un environnem­ent urbain déjà densément peuplé » qui visiblemen­t souffrira de son aménagemen­t, selon les conclusion­s de L’AEIC.

Dans les circonstan­ces, il y a de toute évidence lieu de se questionne­r sur l’acceptabil­ité d’un tel projet. Et cela n’a rien à voir avec la rivalité Québec-montréal. Ni avec des retombées économique­s dont l’ampleur reste à prouver.

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